«Hola Europa!», avait tweeté le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez le 15 juin, juste avant de présenter avec entrain ses priorités pour la présidence espagnole, puis de repartir en campagne, enchaînant depuis déplacements et entretiens.
Dirigeant au profil international et à l'ambition affichée d'accroître l'influence de l'Espagne à Bruxelles, Pedro Sánchez a pris ses compatriotes et ses partenaires européens de court le 29 mai, au lendemain d'une déroute de la gauche aux élections locales, en annonçant la convocation de législatives anticipées le 23 juillet.
Le pays assurant la présidence du Conseil de l'UE n'a certes pas plus de voix au chapitre que ses partenaires, mais il lui revient de donner l'impulsion politique pour tenter de faire avancer les grands dossiers en cours durant son semestre.
«Le risque, c'est une présidence qui a la tête ailleurs», même si, «sur le fond, [il n'y a] pas de risque réel de déraillement», car «l'Espagne est un pays foncièrement pro-européen», souligne dans un entretien avec l'AFP Sébastien Maillard, directeur de l'institut Jacques Delors.
Sánchez s'est voulu rassurant à plusieurs reprises ces dernières semaines, écartant tout risque «que les objectifs que nous nous sommes fixés pour cette présidence [...] ne soient pas remplis».
Dans le détail, il a affiché sa volonté de boucler d'ici à la fin décembre la réforme de la politique migratoire européenne et de faire «des pas importants» vers une ratification de l'accord commercial avec le MERCOSUR, dont il est un partisan enthousiaste.
La grande question qui agite les partenaires européens de Sánchez est de savoir s'il sera en mesure de se maintenir au pouvoir, alors que les sondages indiquent le contraire depuis des mois.
«Si Sánchez s'en sort, ils auront perdu plusieurs semaines, mais ce n'est pas si grave. Mais s'il perd et si cela traîne - négociations, tractations, coalition -» avant l'entrée en fonctions d'un autre Premier ministre, «alors cela risque d'être compliqué», confie un diplomate européen.
(ATS)