C'est un spectacle. L'Allemagne, la France, l'Italie, la Pologne et le Portugal se disputent le gaz naturel du Sénégal et de la Mauritanie, depuis que le président russe Vladimir Poutine a fermé le robinet du gaz. Des pays qui fournissent à leur tour cette énergie à la Suisse.
Une chance pour le Sénégal. Le pays est très endetté et doit réduire des crédits coûteux. L'augmentation du coût de la vie est aussi un problème.
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Extractions pour au moins trente ans
En 2014, on a découvert un gisement de gaz naturel considérable sous le fond de la mer, à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie. Depuis, les deux pays travaillent à son exploitation et espèrent en tirer des milliards de dollars.
Le gaz naturel doit être extrait pendant au moins trente ans, les bénéfices étant partagés entre les géants de l'énergie BP et Kosmos ainsi que les gouvernements sénégalais et mauritanien. Une grande partie des installations, la plateforme gazière GTA, est déjà en place. Dès l'année prochaine, un consortium dirigé par BP veut commencer l'extraction du gaz.
«Le gaz est une énorme opportunité»
«Le gaz est une chance énorme pour notre pays», souligne Thierno Seydou Ly, de la société publique sénégalaise de pétrole et de gaz Petrosen, au «Spiegel». Des négociations sont en cours avec le fournisseur d'énergie allemand Uniper. En effet, le chancelier allemand Olaf Scholz s'est rendu en mai dernier au Sénégal et a parlé d'un «changement d'époque». Selon l'agence de presse DPA, il serait judicieux de «poursuivre intensivement» une coopération dans l'extraction de gaz.
Toutefois, selon différents rapports, les pêcheurs locaux se plaignent. En raison de la construction de l'installation gazière, une partie de la côte est en effet fermée. L'organisation de protection de l'environnement Greenpeace met en outre en garde contre un risque incalculable pour l'écosystème, étant donné que d'importantes zones marines protégées se trouvent non loin de l'usine. En outre, des critiques se font entendre à l'encontre du chancelier allemand, car il a récemment déclaré vouloir s'éloigner des énergies fossiles.
«Partenaire équivalent»
Mais qu'est-ce que cela signifie donc pour l'environnement? Et de quelle manière la population va-t-elle en profiter? Si les questions restent en suspens, «il y a des moyens bien pires pour obtenir quelque chose», estime Tobias Haller, directeur de l'Institut d'anthropologie sociale de l'université de Berne, en parlant du Sénégal.
De plus, «le gaz a toujours été prévu comme une technologie de transition», relève Christoph Kannengiesser, directeur général de l'association africaine de l'économie allemande. Que la ressource provienne de la Russie ou du Sénégal ne changerait rien. «Comme pour tous les grands projets d'infrastructure», il est inévitable que la société civile soit également concernée, affirme-t-il toutefois.
«Le Sénégal peut d'abord parvenir à être perçu comme un partenaire équivalent à l'Europe dans la coopération énergétique.» Le gouvernement autour du président sénégalais Macky Sall est prêt à exporter du gaz naturel liquéfié, mais il précise que le développement de son propre pays passe avant tout. «C'est une étape importante, pas seulement pour le Sénégal, mais pour tout le continent.»