Depuis plus de deux ans, la guerre fait rage en Ukraine. Environ 66'000 Ukrainiens bénéficient actuellement du statut de protection S en Suisse et sont ainsi à l'abri. Parmi eux, près de 12'700 hommes en âge d'accomplir leur service militaire obligatoire, selon le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM).
Mais pour le conseiller national de l'Union démocratique du centre (UDC) Walter Gartmann, c'est un problème. Dans une intervention, il demande que les conscrits soient renvoyés en Ukraine afin qu'ils puissent «apporter leur contribution à la défense de l'Ukraine».
Walter Gartmann estime que le Conseil fédéral a tort de prolonger le statut S pour les Ukrainiens astreints au service militaire jusqu'en mars 2026. «En le prolongeant, la Suisse affaiblit, même involontairement, l'armée ukrainienne, car celle-ci a de grandes difficultés à recruter suffisamment de soldats pour se défendre contre les attaques de la Russie», assure-t-il à Blick.
Il met en lumière les efforts déployés par l'Ukraine elle-même pour faire revenir ses hommes. Celle-ci a adopté cette année une loi de mobilisation plus stricte, qui exige que tous les conscrits âgés de 18 à 60 ans se fassent enregistrer auprès de l'armée, y compris ceux qui sont à l'étranger. Toute personne âgée de 25 ans peut être embrigadée. Même le président Volodymyr Zelensky a demandé aux pays européens d'inciter les réfugiés masculins en âge d'être recrutés à rentrer au pays.
Une mort certaine?
«Il s'agit de déserteurs qui manquent à l'armée ukrainienne», balance Walter Gartmann. N'est-ce pas renvoyer à une mort certaine? «Non», répond-il fermement. «Certes, une guerre fait toujours des victimes. Mais l'armée ukrainienne n'a pas seulement besoin de soldats pour l'engagement sur le front, mais aussi de personnel dans le domaine sanitaire, logistique et administratif.»
Le conseiller UDC devrait faire la sourde oreille auprès du Conseil fédéral. Le ministre responsable de l'asile, Beat Jans a déjà répondu négativement à une demande du conseiller national UDC Pascal Schmid. Selon Beat Jans, le fait que les personnes en quête de protection doivent effectuer un service militaire en Ukraine «n'est pas pertinent» pour l'octroi du statut de protection. La Confédération n'est pas en mesure de dire combien des quelque 12'700 Ukrainiens en Suisse qui sont en âge de faire leur service militaire sont effectivement astreints au service dans leur pays.
Le conseiller national socialiste Fabian Molina ne croit pas non plus à la proposition de l'UDC. «Les hommes sont aussi des êtres humains et ont des droits humains», dit-il. Renvoyer des gens dans une zone de guerre est contraire au droit international impératif. «Aucun pays européen ne renvoie des personnes dans la guerre en Ukraine. La Suisse s'isolerait encore plus sur la scène internationale.»