La guerre en Ukraine entre dans son troisième hiver. Depuis que le dirigeant du Kremlin Vladimir Poutine a donné l'ordre d'envahir l'ancienne république soviétique le 24 février 2022, des centaines de milliers de personnes ont été tuées, mutilées et blessées. Des villes entières ont été rasées.
Près de quatre millions de personnes ont été déplacées de force à l'intérieur du pays, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Et près de 6,5 millions de personnes ont fui à l'étranger, en quête de protection.
À l'approche du troisième hiver depuis le début de la guerre, Moscou semble poursuivre une stratégie visant à rendre la vie insupportable pour les personnes restées en Ukraine. Des attaques ciblées contre des infrastructures énergétiques importantes plongent le pays dans le chaos. Et ce, alors que le front est de l'Ukraine vacille.
Usure de la population
«Pour l'hiver qui approche, les gens s'attendent au pire», rapporte «Die Welt» depuis le terrain. Le média allemand a parcouru la nation en guerre. Partout, des centrales électriques sont réparées, mais les pièces de rechange manquent. Les travaux sont coûteux et le temps est compté. Un combat de Sisyphe.
«Le Kremlin est proche d'atteindre deux objectifs.» D'une part, la production d'armement ukrainienne doit être paralysée. D'autre part, il s'agit de rendre la vie des habitants ukrainiens insupportable afin de déclencher de nouveaux mouvements de réfugiés vers l'Union européenne (UE). Ce sont les suppositions du député allemand Michael Roth, président de la commission des affaires étrangères du Bundestag, cité par «Die Welt».
Le ministre ukrainien de l'Énergie Herman Halouchtchenko explique la stratégie des attaques russes: elles cherchent à «nous intimider et à perturber les préparatifs de la période de chauffage, de sorte que tous les Ukrainiens se retrouvent sans électricité ni chauffage en hiver».
Une catastrophe humanitaire généralisée
Entre-temps, l'Ukraine ne dispose plus que de la moitié de sa capacité énergétique d'antan. Des coupures de courant périodiques ont déjà lieu dans tout le pays. En hiver, cette situation pourrait conduire à une catastrophe humanitaire généralisée. «Il est difficile de faire des prévisions pour l'hiver alors que le secteur de l'énergie est constamment menacé par des attaques ennemies», explique Herman Halouchtchenko. «Nous savons que l'hiver à venir sera rude.»
Dans ce contexte, les Ukrainiens craignent pour leurs besoins de base, qui vont de soi en temps de paix: savoir s'il y aura de la lumière ou non. S'il sera possible de se chauffer dans un pays où les températures hivernales atteignent fréquemment des valeurs négatives à deux chiffres. S'il y aura de l'eau chaude, ou si les conduites gèleront et éclateront. S'il y aura de l'électricité pour les systèmes de pompage des eaux usées dans les villes. Ou s'il n'y aura bientôt plus d'hygiène de base au milieu des destructions, de la saleté et des détritus...
«Si tout cela n'existe pas, nous risquons de mourir de froid, d'être confrontés à des catastrophes sanitaires et, par conséquent, de voir des millions de personnes fuir en masse», conclut l'analyse du «Welt». Tel serait le plan de Moscou «pour déclencher un nouveau mouvement de réfugiés en Europe».