Le torchon brûle entre Pékin et Berlin. La Chine a vivement critiqué la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock pour avoir qualifié le président chinois Xi Jinping de «dictateur». Les propos d'Annalena Baerbock sont «extrêmement absurdes et constituent une grave atteinte à la dignité politique de la Chine et une provocation politique ouverte», a déclaré lundi la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning.
Pékin est «profondément mécontente» et va entreprendre des démarches diplomatiques auprès de la partie allemande. Le gouvernement chinois a convoqué l'ambassadrice allemande. Annalena Baerbock a réagi de manière succincte aux critiques de la Chine. «J'en ai pris note», a déclaré la ministre lors d'une visite à New York à l'occasion du débat général de l'ONU. Elle n'a pas souhaité s'exprimer davantage sur le sujet.
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Scholz ne bouge pas les pieds
La semaine dernière, jeudi, lors de sa visite aux Etats-Unis, Annalena Baerbock avait parlé de la guerre en Ukraine dans une interview accordée à la chaîne américaine Fox News et y avait déclaré: «Si Poutine gagnait cette guerre, quel serait le signe pour d'autres dictateurs dans le monde comme Xi, comme le président chinois? C'est pourquoi l'Ukraine doit gagner cette guerre.»
Le chancelier allemand Olaf Scholz n'a pas souhaité commenter les déclarations de la ministre des Affaires étrangères. «En principe, le chancelier ne juge pas les déclarations de ses collègues de cabinet», a déclaré à Berlin le vice-porte-parole du gouvernement Wolfgang Büchner. Il est clair que «la Chine est gouvernée par un régime communiste à parti unique, et il est également clair que cela ne correspond pas à notre conception de la démocratie».
A la question de savoir si, selon le chancelier, les déclarations de la ministre Annalena Baerbock avaient nui aux relations avec la Chine, Wolfgang Büchner répond: «Je ne veux pas spéculer là-dessus.»
Un fonctionnaire défend la visite de Fox
En juillet, le gouvernement fédéral s'était donné pour la première fois des lignes directrices globales concernant ses relations avec la Chine et avait adopté sa stratégie chinoise après des mois de débats internes à la coalition. Celle-ci doit montrer la voie à suivre pour que l'Allemagne puisse continuer à développer sa coopération économique et politique avec la grande puissance asiatique sans mettre en danger ses propres valeurs et ses intérêts. La Chine est le principal partenaire commercial de l'Allemagne.
Le document stratégique ne parle pas de la Chine comme d'une «dictature». «La stratégie chinoise s'adresse avant tout à nous», a déclaré lundi un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères. La République populaire reste pour l'Allemagne «un partenaire, un concurrent et un rival systémique».
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a défendu le fait qu'Annalena Baerbock ait accordé une interview à la chaîne de droite Fox News lors de sa visite aux Etats-Unis. Lors de cette visite, il s'agissait «explicitement» pour la ministre «d'utiliser des canaux qui permettent peut-être d'atteindre des groupes de population qu'on ne peut pas atteindre avec une interview dans le 'New York Times' par exemple».
(Avec AFP)