«La peine et la douleur sont grandes»
Marseille bouleversée après l'effondrement meurtrier d'un immeuble

Marseille est sous le choc après l'effondrement d'un immeuble au centre-ville, qui a causé la mort d'au moins deux personnes ce week-end. Les secours continuent de chercher d'autres disparus parmi les décombres.
Publié: 10.04.2023 à 07:53 heures
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Dernière mise à jour: 10.04.2023 à 11:04 heures
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Des équipes de secours ont œuvré toute la nuit sur les lieux de l'effondrement d'un immeuble d'habitation, le 9 avril 2023 à Marseille
Photo: CLEMENT MAHOUDEAU

L'«enfer», «la peine», «la douleur», Marseille s'est réveillée sous le choc lundi, 24 heures après l'effondrement d'un immeuble du centre-ville qui a fait au moins deux morts, les secours fouillant sans relâche les décombres à la recherche d'autres disparus. Les deux corps, extraits par les secours, n'ont pas encore été identifiés, a précisé le maire de Marseille.

Le ministre du Logement Olivier Klein est attendu dans la ville lundi matin, alors qu'environ 200 personnes, dont des familles, ont également dû être évacuées de leur domicile par précaution après le drame.

Une déflagration a causé l'effondrement

«Cette nuit, la peine et la douleur sont grandes», a réagi le maire de la deuxième ville de France, Benoît Payan lundi vers 2h du matin, quand les marins-pompiers ont annoncé avoir retrouvé deux corps sans vie dans les gravats de l'immeuble d'habitation du 17 rue de Tivoli, abritant cinq appartements, qui s'est écroulé brutalement après une énorme déflagration la nuit précédente, vers 00h45.

Les deux immeubles contigus ont été très endommagés et cinq de leurs occupants ont été légèrement blessés. Un de ces bâtiments s'est effondré plus tard dans la journée, ensevelissant la scène sous encore plus de gravats, mais sans faire de blessés chez les sauveteurs. L'autre menace également de s'affaisser.

Les recherches continuent

«Compte tenu des difficultés particulières d'intervention, l'extraction (des corps du site) prendra du temps», ont précisé les secouristes qui travaillent d'arrache-pied jour et nuit, dans des conditions particulièrement difficiles pour tenter de retrouver d'autres personnes victimes de l'effondrement du 17.

La procureure de la République de Marseille Dominique Laurens avait indiqué dimanche soir que les secours cherchaient toujours huit personnes présumées disparues, qui ne répondaient à «aucun appel» de leurs proches.

Ce sont «des personnes d'un certain âge et un jeune couple d'une trentaine d'années», mais il n'y aurait pas d'enfants ou de mineurs, avait précisé Mme Laurens. Aucune précision n'a été donnée sur l'identité des deux corps découverts dans la nuit. La procureure avait également évoqué dimanche une neuvième personne «qui serait actuellement recherchée au niveau du 19 rue de Tivoli».

Un habitant d'un immeuble voisin de celui qui s'est effondré et dont on était sans nouvelles, s'est «manifesté auprès de ses proches», a annoncé lundi le parquet dans un communiqué. «Cette neuvième personne ne fait pas partie de la liste des personnes disparues qui est donc désormais stabilisée à six, deux corps ayant été découverts dans la nuit», a précisé le parquet.

«Il reste de l'espoir» pour trouver «d'éventuels survivants», a déclaré lundi matin le maire de Marseille, avant de confirmer le chiffre de six personnes encore portées disparues sous les décombres de l'immeuble.

Recherches sans relâche

«L'enfer», titre lundi le quotidien régional La Provence avec une photo barrant toute sa Une prise quelques heures après l'effondrement. Le cliché montre des marins-pompiers sur les décombres de l'immeuble qui obstruent la rue, dans un nuage de fumée causé par un incendie qui a, des heures durant dimanche, empêché hommes et chiens de recherche d'aller fouiller les décombres à la recherche d'éventuels survivants.

Dans une ville marquée ces dernières semaines par la multiplication de fusillades mortelles liées au narcotrafic ayant coûté la vie à plusieurs jeunes d'arrondissements populaires, l'effondrement de l'immeuble du 17 rue de Tivoli, dans un quartier résidentiel, proche de rues aux cafés et restaurants très animées, a causé un nouveau choc.

La solidarité s'organise

«Je partage l'angoisse des familles et des proches et je salue les efforts et la persévérance de tous les sauveteurs», a écrit dans un message aux habitants le cardinal de Marseille Jean-Marc Aveline. La «communauté chrétienne de Marseille qui fête Pâques, se joint à moi pour exprimer notre solidarité et notre compassion», avec les personnes touchées par ce drame.

Comme souvent à Marseille, la solidarité s'est organisée. De nombreuses associations de parents d'élèves du quartier et des habitants se sont mobilisés pour proposer hébergement, vêtements et aide psychologique aux personnes évacuées par précaution d'immeubles environnants. La mairie a organisé des hébergements et un centre d'accueil des familles, avec aide psychologique, pour les proches de personnes portées disparues, a été ouvert.

L'immeuble n'était pas insalubre

L'enquête, elle, se poursuit pour déterminer les causes de l'explosion. «Le gaz fait partie bien évidemment des pistes», selon les autorités.

«On a très vite senti une forte odeur de gaz, qui est restée et qu'on a encore sentie ce matin», avait ainsi indiqué à l'AFP Savera Mosnier, habitante d'une rue proche.

Même si le drame de dimanche a réveillé les images d'un précédent effondrement meurtrier (huit morts) de deux immeubles, insalubres ceux-là, en novembre 2018, rue d'Aubagne, dans un autre quartier du centre de Marseille, la situation est bien différente. Rue de Tivoli, «ce ne sont pas du tout des immeubles insalubres», ont souligné maire, procureure et préfet.

(AFP et ATS)

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