La justice se trompe de Costa
Le Premier ministre portugais a démissionné pour rien!

Un Costa peut en cacher un autre. La justice portugaise a fait erreur sur la personne et a commis une bourde lourde de conséquences. Accusé à tort, le Premier ministre a ainsi démissionné... pour rien.
Publié: 15.11.2023 à 13:37 heures
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Antonio Costa, le Premier ministre portugais sortant, a été confondu avec son ministre de l'Economie, Antonio Costa Silva.
Photo: Corbis via Getty Images
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Thibault GilgenJournaliste Blick

Ah la boulette! Le 7 novembre dernier, le Premier ministre portugais Antonio Costa démissionnait avec fracas en raison de l’évocation de son nom dans des écoutes téléphoniques, sur fond d’enquête pour corruption. Son chef de cabinet, Vitor Escaria, était soupçonné de trafic d'influence dans le cadre de l'attribution de gisements de lithium dans des projets d’usines d’hydrogène vert. Mais il s’agit en réalité d’une bourde monumentale, rapporte «Le Point». Le Ministère public a fait son mea culpa ce lundi.

Erreur sur la personne

Dans le cadre de l’«Opération influenceur», les enquêteurs ont confondu le nom du Premier ministre avec celui de son presque homonyme, Antonio Costa Silva, qui n’est autre que son ministre de l’Economie. Ce dernier clame aussi son innocence et affirme n’avoir subi aucune pression.

Nos confrères du «Point» soulignent que l’enquête ne permet pas de formuler des accusations précises à ce stade, puisque les écoutes laissent seulement entendre deux accusés dire qu’il «faut trouver une façon de parler» au ministre de l’Economie. Les cinq personnes qui avaient été arrêtées dans le cadre de l’affaire ont de plus été relâchées, certaines sous caution. 

Enquête peu solide

Le juge d'instruction Nuno Dias Costa n'a de plus reconnu aucune preuve de délit de la Part du Premier ministre. Il considère que les éléments à dispositions sont «vagues» et qu'ils ne permettent pas l'arrestation des accusés. Les charges les plus graves, malversation et corruption, ont été abandonnées. Seul le trafic d'influence et l'obtention d'avantages sont pour le moment retenus. 

Le Premier ministre Antonio Costa avait annoncé son retrait de la vie politique après sa démission, quittant ainsi toutes ses fonctions dont celle de secrétaire général du Parti socialiste. Mais compte tenu de ce retournement de situation peu commun, l'homme politique pourrait bien repartir au combat.

Course à la succession lancée

Au sein de son parti, la course à sa succession a déjà commencé avec la candidature de l'ex-ministre des Infrastructures, Pedro Nuno Santos, âgé de 46 ans. L'actuel ministre de l'Intérieur, José Luis Carneiro, 52 ans, tentera aussi sa chance. L'heureux élu sera naturellement candidat au poste de Premier ministre lors des prochaines législatives anticipées, convoquées par le président conservateur Marcelo Rebelo de Sousa pour le 10 mars. 

Antonio Costa, qui a affirmé avoir «la conscience tranquille», a préféré démissionner le matin-même de la perquisition de sa résidence, afin d'exclure toute ambiguïté sur la conduite des affaires de son pays. Il ne peut aujourd'hui que constater les dégâts.

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