La culture de l'accueil prend fin
La Suède aligne sa politique migratoire sur celle de l'UDC

Après des années de politiques migratoires placées sous le signe de la culture de l'accueil, la Suède est à bout de souffle. Le gouvernement serre à présent la vis en changeant l'une de ses lois.
Publié: 04.04.2025 à 20:03 heures
Jusqu'à présent, la Suède a accueilli les réfugiés à bras ouverts.
Photo: AFP/Getty Images
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Guido Felder

En 2010, la presse internationale s'était indignée lorsque la Suisse avait accepté l'initiative de l'UDC sur le renvoi des criminels étrangers. Pourtant, l'Europe voit aujourd'hui ses politiques migratoires se durcir de manière drastique. Contre toute attente, les pays nordiques suivent le pas. Pas plus tard que mardi, la Suède a modifié l'une des ces lois. Laquelle? Et qu'est ce que cela implique? 

Jusqu'à présent, les demandeurs d'asile dont la demande avait été rejetée pouvaient demander un permis de travail sans avoir à quitter le pays s'il décrochait un emploi. Dorénavant, ils seront dans l'obligation de quitter le territoire et de faire une demande de permis de travail depuis leur pays d'origine. Point final.

Mais la Suède ne s'arrête pas là: le gouvernement a annoncé cette semaine un nouveau durcissement qui s'apparente fortement à loi sur le renvoi de criminels étrangers de l'UDC. En effet, le gouvernement souhaite expulser, à partir de juillet 2026, les étrangers qui se «comportent mal». 

Selon un projet de loi présenté cette semaine, la mauvaise conduite comprend les dettes, l'apologie du terrorisme, le refus de se soumettre aux autorités, les délits mineurs répétés ou encore l'abus du système social. Il n'y aura cependant pas d'expulsion si l'état de santé ou la situation politique dans le pays d'origine ne le permet pas.

La fin de la culture de l'accueil

Avec ces nouvelles lois, la Suède a définitivement tourné le dos à sa culture de l'accueil, pourtant chère à son coeur depuis des décennies. Entre 1965 et 1974, un million de logements avaient été créés pour les immigrés à l'initiative du parti social-démocrate. Le programme partait d'une bonne intention, mais l'intégration aurait en partie échoué. 

Lors du mouvement migratoire de 2015, la Suède était également, avec l'Allemagne, la destination la plus visée en Europe. Cette année-là, le pays a accueilli 162'877 personnes, et en 2016, 86'000 personnes ont obtenu l'asile. La critique de l'immigration massive a souvent été associé à une question de racisme. Interrogé par Blick, le représentant d'un parti de gauche avait d'ailleurs réagi avec indignation au téléphone: «Non, nous n'avons pas de problème migratoire!», avant de raccrocher. 

La violence a massivement augmenté

La Suède est devenue l'un des pays les plus dangereux d'Europe. En 2022, les fusillades ont fait plus de 60 morts et plus de 100 blessés, parmi les victimes, on compte également des enfants. Lorsque le gouvernement est passé de la gauche au centre en 2022, le nouveau Premier ministre conservateur Ulf Kristersson avait déclaré que «la Suède se trouve dans une situation très grave».

Le gouvernement du centre-droit a renforcé les contrôles aux frontières et fait maintenant régulièrement vérifier le statut de protection des réfugiés. Les populistes de droite étaient devenus en 2022 le numéro deux derrière les sociaux-démocrates. Ils ne sont certes pas représentés au gouvernement, mais jouissent d'un droit de regard officiel.

Grâce à de telles mesures, la Suède a pu réduire massivement le nombre de demandeurs d'asile. L'année dernière, 6250 demandeurs d'asile et leurs proches ont obtenu un permis de séjour. C'est le chiffre le plus bas depuis 1985.

La Suède s'inscrit dans la tendance générale en Europe: elle a durci la loi sur l'immigration et développé ses relations avec l'organisation frontalière Frontex. Même le gouvernement de gauche du Danemark mise sur la restriction. Après une culture de l'accueil initiale, les sociaux-démocrates ont changé de cap, ce qui a d'ailleurs facilité leur retour au pouvoir.

L'initiative de l'UDC vivement critiquée

En Suisse la politique migratoire avait été durcie dès la crise des réfugiés. En 2016, la loi relative à l'initiative de l'UDC sur le renvoi des étrangers criminels est entrée en vigueur. Les commentaires internationaux avaient par ailleurs été haineux. Les journaux allemands et autrichiens avaient parlé d'une loi «irritante». Le «Süddeutsche Zeitung» avait affirmé que: «L'UE ne devrait pas accepter qu'un pays auquel elle est étroitement liée se place aussi délibérément en dehors de cette communauté.»

Pourtant, ce sont justement certains de ces pays qui connaissent aujourd'hui des problèmes d'immigration et une montée massive du populisme. En Autriche, le FPÖ a remporté les élections, tandis qu'en Allemagne, l'AfD n'était plus qu'à 1% derrière la principale union CDU/CSU dans les sondages.

Le ministre suédois de l'Immigration Johan Forssell a déclaré cette semaine: «Je veux que la politique migratoire en Suède soit équitable. Il faut récompenser ceux qui s'intègrent et respectent les règles, et punir ceux qui commettent des délits ou se comportent mal.»

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