La Corée du Sud en ébullition
Nouvelles manifestations pour et contre l'arrestation de Yoon

Des milliers de Sud-Coréens manifestent ce samedi à Séoul après l'échec de la tentative d'arrestation du président déchu Yoon Suk Yeol. Partisans et opposants se sont rassemblés séparément alors que la situation politique devient de plus en plus chaotique.
Publié: 04.01.2025 à 11:17 heures
Les partisans du président déchu Yoon se mobilisent face à ceux du camp d'en face.
Photo: Ahn Young-joon
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ATS Agence télégraphique suisse

Détracteurs et partisans se sont rassemblés chacun de leur côté, sur des avenues de la capitale et devant le domicile de Yoon Suk Yeol, les uns exigeant son arrestation et les autres l'annulation de sa destitution votée par l'Assemblée nationale.

Des milliers de Sud-Coréens manifestent dans les rues de Séoul samedi dans un contexte politique de plus en plus chaotique, après la tentative infructueuse d'arrêter le président déchu Yoon Suk Yeol, accusé de «rébellion» pour avoir tenté d'imposer la loi martiale.

«Si le président Yoon est destitué et que Lee Jae-myung (le chef de l'opposition, ndlr) devient le nouveau président, notre pays pourrait être menacé de 'communisation' et d'absorption par la Corée du Nord (...). Je ne peux pas laisser faire», lance à l'AFP Jang Young-hoon, pro-Yoon de 30 ans.

Dans le camp d'en face, la plus importante intersyndicale sud-coréenne (KCTU) avait entrepris une marche vers la résidence de Yoon Suk Yeol mais a été bloquée par la police, faisant état de deux membres arrêtés et de plusieurs blessés.

Arrestation annulée, Coréens en colère

La veille, soldats et services de sécurité ont fait barrage aux enquêteurs venus chez l'ex-procureur vedette de 64 ans pour l'emmener, l'opération lancée tôt le matin ayant été annulée après environ six heures de négociations stériles et de tensions.

Une arrestation de Yoon Suk Yeol serait la première d'un chef de l'Etat en exercice dans l'histoire du pays, car il reste officiellement le président en attendant que la Cour constitutionnelle confirme ou infirme sa destitution, adoptée par les députés le 14 décembre. Suspendu de ses fonctions depuis, cloîtré chez lui, M. Yoon est accusé d'avoir fait vaciller la jeune démocratie sud-coréenne dans la nuit du 3 au 4 décembre en proclamant par surprise la loi martiale, un coup de force qui a ravivé le douloureux souvenir de la dictature militaire.

Au Parlement cerné par des soldats, un nombre suffisant de députés avait cependant réussi à se réunir pour voter une motion exigeant la levée de cet état d'exception. Sous la pression de l'Assemblée, de milliers de manifestants et contraint par la Constitution, Yoon Suk Yeol avait dû l'abroger quelques heures après l'avoir déclaré.

L'impopulaire dirigeant déchu de ses pouvoirs est visé par plusieurs enquêtes, dont une pour «rébellion», un crime théoriquement passible de la peine de mort. 

Vendredi, les enquêteurs qui centralisent les investigations sur lui, pourtant munis d'un mandat, ont été mis en échec par quelque 200 soldats et gardes présidentiels. Ils sont repartis bredouilles vers 13h30 (05h30 en Suisse), sous les yeux de centaines de pro-Yoon. «Il y a eu des altercations physiques mineures et majeures» entre les deux camps, a relaté un responsable du Bureau d'enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO).

L'agence a jusqu'à lundi pour exécuter le mandat d'arrêt émis par la justice afin de forcer M. Yoon à répondre aux questions sur sa tentative d'imposer la loi martiale» La délivrance de ce document représentait déjà une première pour un président sud-coréen en exercice. Les enquêteurs pourront en solliciter un nouveau si le premier expire sans être appliqué. Ils ont par ailleurs demandé au président intérimaire Choi Sang-mok d'appuyer le mandat actuel, dans un communiqué diffusé samedi.

De son côté, la Cour constitutionnelle a fixé au 14 janvier l'ouverture du procès en destitution contre Yoon Suk Yeol, qui suivra son cours même sans lui. La juridiction doit se prononcer d'ici à la mi-juin. M. Yoon a jusque-là repoussé toutes les convocations en lien avec son coup de force et sa garde a entravé à plusieurs reprises des perquisitions, pourtant sur mandat.

Yoon dénonce une tentative «illégale»

Samedi, deux responsables de sa protection ont refusé de comparaître devant la police, selon un communiqué du service de sécurité présidentiel transmis à l'AFP, invoquant la nature «sérieuse» de leur mission. Les avocats de M. Yoon dénoncent pour leur part une tentative d'arrestation «illégale» et ont promis d'engager des procédures pour la contester.

Le président suspendu défend toujours sa décision choc de début décembre malgré le grave désordre politique qu'elle a engendré, le premier président intérimaire ayant aussi été destitué avant l'arrivée aux affaires de Choi Sang-mok.

Dans une lettre distribuée mercredi à ses soutiens les plus radicaux, en nombre devant chez lui, M. Yoon a promis de se «battre jusqu'à la toute fin», répétant ses attaques contre des éléments internes et externes «menaçant» la Corée du Sud qu'il avait déjà formulées en décrétant la loi martiale.

En pleine crise, le chef de la diplomatie des Etats-Unis, Antony Blinken, est attendu lundi dans le pays pour y rencontrer son homologue Cho Tae-yul et «réaffirmer l'alliance inébranlable» entre Washington et Séoul, selon le département d'Etat américain. Les discussions doivent également se focaliser sur les troubles en cours et la menace sécuritaire incarnée par la Corée du Nord voisine.

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