La communauté LGBTQIA+ inquiète
Un père change de genre pour obtenir la garde de ses filles

Une affaire judiciaire défraie la chronique en Equateur. Un père y a légalement changé de genre pour être considéré comme une mère et obtenir la garde de ses deux filles. Il considère que la loi dessert les hommes. La communauté LGBTQIA+ s'inquiète de ce recours.
Publié: 10.01.2023 à 22:30 heures
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L'Equatorien René Salinas Ramos est désormais officiellement une femme.
Photo: Jam Press
Carla De-Vizzi

C'est une histoire qui surprend l'Equateur et qui inquiète la communauté LGBTQIA+ du pays. René Salinas Ramos, 47 ans, un citoyen équatorien, a officiellement changé de genre à l'état civil dans le but d'obtenir la garde de ses deux filles. Initialement recensé comme un homme cisgenre, son passeport indique désormais qu'il est une femme.

Pourquoi une telle décision? «Ici, en Equateur, être père est pénalisé, et je ne suis considéré que comme un pourvoyeur», a confié René Salinas Ramos au micro de la radio équatorienne La Voz del Tomebamba.

N'ayant pas l'intention de subir une opération de changement de sexe, René Salinas Ramos avance que les mères sont généralement privilégiées en matière de droit de garde. Son acte relève d'une «attaque contre le système et la loi, et non contre quelqu'un en particulier», précise le père de famille, à présent légalement mère.

«A partir de maintenant, je suis une femme»

René Salinas Ramos se lamente de ne pas avoir pu voir ses filles depuis cinq mois, gardées par leur mère. Elles y seraient exposées à un environnement toxique et abusif. Il dénonce le fait que la loi équatorienne donne davantage de droits à la mère en matière de garde d'enfant, même si cette dernière est moins aimante que le père.

«A partir de maintenant, je suis une femme. Je suis aussi une mère, c'est ainsi que je me considère, avait déclaré René Salinas Ramos en décembre devant le bureau d'état civil de la ville de Cuenca, dans le sud du pays. Je peux cuisiner, donner de l'amour, repasser et faire les autres activités souvent prises en charge par la mère.»

Ce soudain recours à la loi pour des raisons qui ne relèvent pas de l'orientation de genre provoquent des remous au sein du mouvement LGBTQIA+ du pays. Ce dernier s'est battu pendant des années pour qu'une telle loi existe afin de permettre aux citoyens trans de changer légalement de genre.

«L'affaire privée de cet homme, pour obtenir la garde de ses filles, ne correspond pas à l'objectif de la loi», dénonce à Vice, qui a également relayé l'affaire, Diane Rodríguez. Elle est l'une des plus importantes militantes transgenres d'Equateur et directrice nationale de la Fédération équatorienne des organisations LGBTQIA+.

«Maintenant, nous avons peur»

Au début, Diane Rogríguez pensait que cette démarche était une fausse information qui se répandait sur Internet. «Maintenant, nous avons peur qu'à l'Assemblée, les choses reviennent en arrière et qu'ils commencent à légiférer contre nous», confie-t-elle encore à Vice.

Comme l'écrit encore le média en ligne, le cas de René Salinas Ramos reste isolé. Il serait le premier homme à faire usage de la loi dans le seul but d'obtenir un avantage dans une affaire de garde d'enfants. L'avenir seul pourra dire si ces manœuvres légales auront été fructueuses. Comme l'Equatorien l'a assuré à l'agence Jam Press, ses filles resteront avec leur mère jusqu'à ce que toute l'affaire soit réglée.

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