Autrefois, les Suisses quittaient leur pays par pure nécessité. Poussés par la pauvreté, la famine, les catastrophes naturelles et l’industrialisation croissante, environ un demi-million de Suisses ont cherché une vie meilleure ailleurs au XIXe siècle et dans le premier quart du XXe siècle.
11 Suisses de l’étranger sur 100
Aujourd’hui, la situation n’est plus la même dans notre pays. On choisit de larguer les amarres pour bien d’autres raisons.
Les statistiques montrent que, depuis 1991, les ressortissants suisses sont plus nombreux à émigrer qu’à immigrer. En 2022, 31’300 personnes ont quitté la Suisse et seulement 21’900 se sont inscrites en Suisse, par exemple après un long séjour à l’étranger.
Et ces mouvements migratoires ne sont pas les seuls à faire croître ce que l’on appelle la cinquième Suisse, c’est-à-dire les Suisses de l’étranger. Selon l’Office fédéral de la statistique (OFSP), l’excédent des naissances et les naturalisations, par exemple en cas de mariage entre un Suisse de l’étranger et une étrangère, y contribuent également.
Or, le nombre de Suisses à l’étranger atteint un niveau record. Plus de 800’000 personnes ayant un passeport suisse vivaient dans un autre pays en 2022, ce qui correspond à 10,9%. Il y a 20 ans, ils étaient à peine 600’000, ce qui ne faisait que 9,3%.
8e place en termes de satisfaction de vie
Pourtant, les habitants de notre pays se portent mieux que la moyenne, clame le «World Happiness Report», qui illustre la satisfaction de vie dans les pays. Cet indice place la Suisse à une très bonne 8e place sur 137 en 2023. Elle talonne les pays scandinaves, Israël et les Pays-Bas.
Alors pourquoi les Suisses et Suissesses émigrent-ils? Il pourrait s’agir d’opportunités professionnelles, d’envie d’aventure, d’attrait pour la nouveauté ou, tout simplement, d’un climat plus favorable. Beaucoup prendraient ainsi racine à l’étranger et y resteraient, potentiellement après avoir fondé une famille. D’autres, nomades, s’installeraient au fil des ans dans différents endroits du monde.
On note cette pratique au sein du service diplomatique suisse notamment. Près de 773 ressortissants suisses travaillent à l’étranger en tant que collaborateurs transférables pour le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Ils sont mutés ailleurs au plus tard après quatre ans.
Les Suisses de l’étranger restent étroitement liés à leur pays d’origine, selon les sondages. Ils affirment être conscients de la qualité de vie en Suisse pour la plupart d’entre eux – en raison de leurs expériences avec la bureaucratie locale, avec le système scolaire ou encore avec le taux de criminalité de leur nouveau lieu de résidence. Ils soulignent à quel point la Suisse est sûre, propre, belle et confortable. Pour l’instant, ils cherchent encore autre chose. Mais ils le savent: la Suisse est là pour eux.