Une délégation du Congrès américain est arrivée dimanche à Taïwan, peu après de vastes manoeuvres militaires chinoises autour de l'île déclenchées par la visite de la présidente de la Chambre américaine des représentants.
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Cette visite de cinq personnes, qui n'était pas annoncée, doit durer jusqu'à lundi, selon l'Institut américain à Taïwan, l'ambassade de facto des États-Unis dans l'île.
La Chine furieuse
La Chine a répondu avec colère à cette visite également. L'agence officielle Xinhua a publié un commentaire avec pour titre: «Les politiciens américains devraient cesser de jouer avec le feu sur la question de Taïwan».
La visite survient quelques jours après la fin des manoeuvres militaires les plus importantes jamais réalisées par Pékin autour de Taïwan, en riposte à une visite de la présidente de la Chambre américaine des représentants, Nancy Pelosi, qui avait rendu la Chine furieuse.
Taipei a accusé la Chine d'avoir pris prétexte de la visite de Nancy Pelosi pour s'entraîner à une invasion. En réponse, les Etats-Unis ont réaffirmé leur engagement dans la région.
Visite saluée par Taïwan
Les parlementaires américains - un sénateur et quatre représentants, des démocrates et un républicain - vont notamment rencontrer le président Tsai Ing-wen et le ministre des Affaires étrangères Joseph Wu, selon le ministère taïwanais des Affaires étrangères.
Ils discuteront «des relations entre les Etats-Unis et Taïwan, des questions de sécurité régionale, de commerce et d'investissement, du changement climatique», a indiqué l'Institut américain dans un communiqué.
Le ministre taïwanais des Affaires étrangères a salué cette visite dans un communiqué: «Alors que la Chine continue à faire monter les tensions dans la région, le Congrès américain a de nouveau envoyé une délégation de haut niveau à Taïwan, démontrant ainsi une amitié qui n'est pas effrayée par les menaces de la Chine et souligne le soutien résolu des Etats-Unis envers Taïwan».
Les membres de la délégation sont le sénateur du Massachussets Ed Markey et les représentants Alan Lowenthal (Californie, démocrate), John Garamendi (Californie, démocrate), Don Beyer (Virginie, démocrate) et Aumua Amata Coleman Radewagen (Samoa, républicaine), a précisé l'Institut américain.
La Chine estime que Taïwan, peuplée d'environ 23 millions d'habitants, est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949).
Provocation majeure
Opposé à toute initiative donnant aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, Pékin est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d'autres pays.
Des responsables américains se rendent fréquemment dans cette île, mais la Chine avait jugé que la visite de Nancy Pelosi, la plus haute responsable américaine à se rendre sur l'île depuis des décennies, était une provocation majeure.
Face aux manoeuvres lancées par Pékin en représailles, Taïwan avait organisé ses propres exercices simulant l'organisation de sa défense face à une invasion chinoise.
Pékin n'a mis fin à ses exercices qu'après avoir réitéré ses menaces envers Taipei et déclaré qu'elle continuerait à patrouiller dans le détroit de Taïwan.
Dans son point quotidien, le ministère taïwanais de la Défense a affirmé dimanche avoir détecté 22 avions et six navires chinois opérant près du détroit. 11 des avions ont dépassé la ligne médiane, une démarcation non officielle entre Taïwan et la Chine que Pékin ne reconnaît pas.
Pékin publie une stratégie
Le Bureau des affaires de Taïwan, un organisme du gouvernement chinois, a publié mercredi un «Livre blanc» détaillant la manière dont Pékin envisage de reprendre l'île, notamment via des incitations économiques.
«Nous sommes disposés à créer un vaste espace (de coopération) afin de parvenir à une réunification pacifique», indique le document. «Mais nous ne laisserons aucune marge de manœuvre aux actions séparatistes ayant pour objectif une pseudo-indépendance de Taïwan».
«La force serait utilisée en dernier recours, en cas de circonstances impérieuses. Nous serions contraints de prendre des mesures drastiques face aux provocations des séparatistes ou de forces extérieures, si ceux-ci venaient à franchir nos lignes rouges», ajoute le Livre blanc.
Le dernier Livre blanc sur Taïwan publié par la Chine remonte à 2000.
Washington avait répliqué vendredi en annonçant un renforcement de ses relations commerciales avec Taïwan et de nouveaux passages aériens et maritimes dans le détroit, en réponse aux actions «provocatrices» de la Chine.
(AFP)