La Silicon Valley a sa prochaine star: Jensen Huang. Avec la présentation de ses derniers chiffres trimestriels, le CEO du fabricant de puces Nvidia est définitivement entré dans le cercle illustre de la hype tech personnalisée.
Par rapport à l'année précédente, l'entreprise a doublé son chiffre d'affaires à 13,5 milliards de dollars. Le bénéfice a même été multiplié par dix pour atteindre 6,2 milliards de dollars. Même dans le monde mégalomane et blasé de la scène tech américaine, ces résultats ont provoqué une vague d'émotion. Le cours de l'action a grimpé en flèche et la fortune de Huang est désormais estimée à... 42 milliards de dollars.
L'histoire de l'homme derrière ce succès ressemble à un scénario hollywoodien. Fils de parents taïwanais, il passe les premières années de sa vie sur le petit État insulaire, ainsi qu'en Thaïlande. Son père et sa mère les envoient, lui et son frère, chez des membres de la famille installés aux États-Unis, avant de les rejoindre eux-mêmes.
A l'école, il nettoyait les toilettes
Jensen passe ses premières années dans une école baptiste pour enfants difficiles. Pour le petit garçon de l'époque, cela signifiait nettoyer régulièrement les toilettes, ce qui ne l'empêche pas de dire qu'il a «adoré le temps passé là-bas».
La biographie de Jensen Huang qui est, comme on l'a compris, issu d'un milieu modeste, diffère de celle d'autres personnes comme Elon Musk, Mark Zuckerberg ou Steve Jobs. Malin, il s'en sert pour quelque chose qu'il maîtrise en virtuose, comme les autres célébrités de la tech: la mise en scène de soi.
Il a fondé son entreprise dans un restaurant
Jensen Huang raconte volontiers (et souvent) ses années d'études. Parallèlement à l'université, il travaille dans la chaîne de restaurant Denny's, où il rencontre deux collaborateurs avec lesquels il fonde finalement Nvidia en 1993. L'idée qui fera de ce fanatique de jeux vidéo introverti un CEO charismatique et un milliardaire: des processeurs graphiques particulièrement bien adaptés aux jeux vidéo et autres applications visuelles.
À l'ère des jeux, ses produits font un tabac et se retrouvent notamment dans des consoles comme la Playstation 3. Mais Jensen Huang doit son récent succès à un autre engouement, vers lequel il s'est une nouvelle fois dirigé habilement en réorientant son entreprise en 2003: les applications autour de l'intelligence artificielle (IA).
En effet, le développement d'outils d'IA comme Chat-GPT ou DALL-E nécessite des quantités incroyables de puissance de calcul. Et contrairement aux conceptions traditionnelles, les puces de Jensen Huang traitent depuis longtemps les informations en parallèle plutôt que de manière séquentielle. Cette orientation stratégique autrefois inhabituelle lui confère désormais un avantage concurrentiel décisif.
Une veste en cuir au lieu d'un pull à col roulé
Ce self-made man a récemment parlé du début d'une «nouvelle ère informatique». Jensen Huang lui-même pense qu'à l'avenir, plusieurs centaines de milliards de dollars seront investis chaque année dans de nouveaux centres de calcul. Si ses prévisions se révèlent exactes, la demande de ses puces, déjà très forte, se renforcera encore.
Sa campagne de relations publiques pour le monde merveilleux de l'intelligence artificielle est menée d'une manière qui rappelle une vieille connaissance. Comme Steve Jobs, le gourou d'Apple, il a fait d'un vêtement son signe distinctif. Jobs portait presque exclusivement des pulls à col roulé lors de ses apparitions publiques, alors que chez Huang, ce sont des vestes en cuir.
Ce n'est que dernièrement qu'il a été interrogé sur sa tenue vestimentaire lors d'une conférence dans sa région natale de Taipei, où les températures pouvaient atteindre 32 degrés. Réponse de Jensen Huang: «Je suis toujours cool», petit jeu de mot qu'on peut comprendre comme «cool» et «frais» en même temps.