«Je chasse seulement les humains»
Le meilleur sniper qui soit est de retour d'Ukraine

Le tireur d'élite canadien Wali, réputé comme étant un des meilleurs au monde, a combattu pendant des mois aux côtés des soldats ukrainiens contre la Russie. Aujourd'hui de retour dans son pays, il parle de cette guerre brutale.
Publié: 11.05.2022 à 12:07 heures
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Dernière mise à jour: 11.05.2022 à 17:21 heures
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Le tireur d'élite canadien s'est rendu en Ukraine début mars pour combattre la Russie.

Le très célèbre sniper Wali, 40 ans, a participé activement à la guerre en Ukraine. Ce tireur d'élite canadien s'était fait connaître dans le monde entier en 2017 pour avoir abattu un terroriste de l’État islamique à 3,5 kilomètres de distance.

Au début du mois de mars, Wali a décidé de retourner au front. Il est parti pour l’Ukraine, afin de soutenir le pays contre la Russie. Aujourd’hui, après presque deux mois et plusieurs missions sur place, le «sniper le plus mortel du monde» est rentré au Canada, auprès de sa femme et de son jeune fils. Avec des souvenirs d’une guerre brutale, qu'il a racontés au quotidien allemand «Bild».

L’ex-soldat a joué trois fois avec la Grande Faucheuse

Dans cette interview, il a expliqué pourquoi il s'est rendu en Ukraine. «Je ne pouvais pas refuser, s’est-il exclamé, catégorique. Quand on est un guerrier, on a une certaine responsabilité. Ces gens se dressent contre ce qu’on croyait être – à l’époque – la deuxième armée du monde. Ils avaient besoin de mon aide!»

«Bienvenue en enfer.» C’est avec cette phrase que ses collègues ukrainiens l'ont accueilli au sein du groupe de combat. Et ils avaient raison. Sa première mission a conduit le soldat volontaire à Irpin, où des centaines d’obus de mortier et des tirs d’armes lourdes ont immédiatement détruit sa planque. Les soldats ont eu pour seule option de battre en retraite, comme il le détaille au journal allemand.

«Nous nous sommes précipités vers la voiture par la sortie arrière. Il y avait des explosions partout, nous étions pris au milieu d’une grêle de balles, entourés d’une fumée âcre, comme dans un film de guerre. Quand nous sommes repartis, nous avons à nouveau entendu des tirs, provenant cette fois-ci de chars».

Mais ce n’est pas la dernière fois que le Canadien a dû sauver sa peau in extremis. En Ukraine, Wali échappera de justesse à la mort par trois fois. Les munitions russes le manqueront à peine d’un cheveu.

Le sniper doit se protéger de la Russie

Une nuit, le sniper a appelé sa femme. «J’en ai assez fait, tu ne crois pas?», lui demande-t-il, avant de décider de rentrer au Canada. «Mon fils commençait à m’oublier: les appels vidéo ne comptent pas pour un si petit enfant. Si je n’étais jamais rentré d’Ukraine, je ne serais aujourd’hui plus qu’une histoire pour lui», raconte-t-il à «Bild».

Fin avril, il retrouve son pays où il vit avec sa femme et son fils dans une cabane qu’il a construite de ses mains au milieu de la forêt. La raison de cette vie d’ermite? «La Russie a le bras long», assène-t-il. Et il a bien raison: elle s’était rapidement intéressée au Canadien à son retour et avait même répandu des rumeurs sur sa mort.

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Celles-ci affirmaient que Wali était définitivement tombé le 15 mars à Marioupol. On parlait d’une réussite de l’armée russe, qui serait parvenu à mettre hors d’état de nuire «le sniper le plus mortel du monde, capable de tuer 40 à 60 Russes par jour». Le Canadien a donc élaboré des plans pour se protéger, lui et sa famille, de la colère de la Russie.

«Je chasse – mais seulement des hommes»

Dans la forêt canadienne, Wali aimerait pouvoir trouver la sérénité. Bien que sa cabane soit remplie d’armes jusqu’au plafond, l’ancien soldat n’est pas un chasseur, affirme-t-il. Ou, du moins, pas un chasseur traditionnel, comme il l'évoque avec un humour noir: «Je chasse – mais seulement des hommes.»

Il révèle qu’il n’a tué personne en Ukraine. «J’ai bien eu quelqu’un dans mon viseur une fois. Mais je n’étais pas sûr à 100% qu’il s’agissait d’un Russe. Alors je n’ai pas appuyé sur la gâchette.»

Wali est fermement convaincu que l’Ukraine peut gagner la guerre contre la Russie. Il s’attend toutefois à une guerre d’usure, dans le Donbass notamment, qui pourrait durer des années. «Les Russes ne sont pas aussi forts que prévu. Mais ils restent très dangereux.» Les Ukrainiens, en revanche, sont les combattants les plus courageux qu’il ait jamais rencontrés, affirme-t-il. Ce qu’il voit comme un avantage décisif: «Le plus important, c’est d’avoir la volonté et la bravoure de vouloir gagner la guerre», estime-t-il.

(Adaptation par Lauriane Pipoz)

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