Une juge fédérale argentine centralisait lundi une vague de plaintes sur les circonstances du lancement d'une cryptomonnaie, dont le président Javier Milei a brièvement fait la promotion vendredi sur les réseaux sociaux avant qu'elle ne s'effondre, suscitant des accusations d'arnaque.
Le première chambre du Tribunal fédéral, et la juge Maria Servini, ont été désignés lundi pour centraliser les plaintes visant à éclairer le lancement de la cryptomonnaie $LIBRA, et notamment si le chef de l'Etat a été victime, ou acteur, d'une association illicite, d'une fraude et d'un manquement aux devoirs d'un fonctionnaire.
Milei visé
L'une des plaintes, émanant de «l'Observatoire du droit de la ville», une ONG de défense des droits, dénonce le fait que M. Milei «a été partie d'une association illicite qui a organisé une escroquerie avec la cryptomonnaie $LIBRA, qui a affecté plus de 40.000 personnes avec des pertes de plus de 4 milliards de dollars», a indiqué l'organisation dans un communiqué.
La plainte vise aussi Julian Peh, PDG et co-fondateur de Kip Network et KIP Protocol — entreprises qui ont participé à la création de $LIBRA -, et le président de la Chambre des députés, Martin Menem, qui avait vendredi republié sur X le message de Milei.
Une destitution possible
Le groupe parlementaire d'opposition «Union pour la Patrie» (péroniste, centre-gauche) à la Chambre des députés entend déposer «une demande de procès politique» contre Milei, c'est-à-dire une procédure en vue d'une destitution éventuelle. Un processus long et hypothétique, dont le lancement requiert une majorité des deux tiers de la Chambre.
D'autres partis d'opposition, sans pointer du doigt explicitement le président, ont réclamé une commission d'enquête parlementaire pour clarifier les faits et déterminer les responsabilités.
Un message sur X supprimé
Javier Milei, au pouvoir depuis 14 mois, affronte un épisode potentiellement délicat de sa présidence, après avoir exprimé vendredi sur X son appui à une cryptomonnaie qui s'est ensuite effondrée, déclenchant des accusations «d'arnaque» de l'opposition. Au bout de quelques heures, M. Milei a supprimé son message initial, expliquant qu'il ne «connaissait pas les détails du projet» dans un premier temps. Il a assuré n'avoir «évidemment aucun lien» avec la «présumée entreprise privée».
La présidence a annoncé samedi saisir le Bureau anticorruption pour identifier une éventuelle «conduite inappropriée d'un membre du gouvernement, y compris le président».
Tout en assurant que M. Milei «n'a en aucun cas participé au développement» de la cryptomonnaie $LIBRA, elle a aussi aussi annoncé une enquête sur le lancement de cette cryptomonnaie «et toutes les sociétés ou personnes impliquées», par une unité d'enquête placée «dans l'orbite de la présidence».