Makar et Nadiya Mikhailyuk sont impatients de retrouver les bancs de l'école en ce jour de rentrée des classes en Ukraine, après leur retour de Pologne où ils s'étaient réfugiés avec leur mère. Leurs parents, Oleksandr and Viktoriya, ont décidé de ramener leurs enfants à Irpin dans les environs de Kiev, une ville qui a subi de graves destructions lors de l'invasion russe de l'Ukraine, mais qui a été en grande partie reconstruite.
Nadiya, 6 ans, n'a jamais connu un seul jour de classe en Ukraine, tandis que son frère âgé de 8 ans est impatient de retrouver ses camarades de classe. «Ma classe et mon maître d'école m'ont manqué», souligne Makar dont les matières préférées sont les maths et l'art.
Au sujet de la guerre
«Quand on étudie en ligne, on ne peut pas jouer, mais quand on va en classe, on peut jouer avec ses amis», souligne Nadiya. Les deux enfants ont suivi des cours en ligne en ukrainien en Pologne.
Habits traditionnels
Plus de trois millions d'enfants sont scolarisés en Ukraine, dont près de 900'000 suivent les programmes scolaires à distance, selon la présidence. En automne dernier, plus de deux millions d'enfants poursuivaient leurs études à distance, selon le ministère de l'Education.
Pour le jour de la rentrée des classes, Makar porte une chemise brodée traditionnelle et un pantalon gris tandis que Nadiya a revêtu une blouse ornée de rubans et une jupe. Leurs parents ont également choisi comme tenue des chemises brodées. La famille a quitté Irpin pour une autre ville ukrainienne avant de gagner la Pologne.
Le père, 39 ans, ingénieur des télécommunications, est resté en Ukraine en raison de la mobilisation générale de la population masculine, tandis que les autres membres de la famille se sont installés en Pologne, n'effectuant que deux visites en Ukraine.
«Papa nous a manqué»
«Notre papa, nos grand-pères et notre mamie nous ont vraiment manqué», souligne Nadiya. «Nadiya et moi n'avons cessé de demander: «Maman, quand est-ce qu'on rentre?», ajoute Makar.
Le jour de la rentrée est marqué par une cérémonie soigneusement préparée. Dans la cour de récréation, des enfants entonnent une chanson à visée pédagogique sur la conduite à tenir lors d'une attaque aérienne, accompagnée de mouvements de danse.
Un garçon portant un nœud papillon accueille les écoliers. «Nous avons tous un souhait: que la guerre se termine aussi rapidement que possible avec notre victoire», dit-il.
Les parents sont encouragés à faire des dons à l'armée ukrainienne au lieu d'offrir des fleurs aux enseignants comme c'est l'usage. L'école a été bombardée cinq fois, y compris par des missiles Grad, au cours d'intenses combats à Irpin après l'invasion russe. Une exposition à l'entrée montre des photos de trous dans les murs et des fenêtres soufflées.
Avec l'aide de l'UNICEF et de l'Union européenne, l'école a été reconstruite et dispose d'un vaste abri antiaérien qui peut être utilisé pour les cours en cas d'attaques aériennes. Au cours de la première leçon, Nadiya et ses 30 camarades de classe entonnent une chanson intitulée «L'Ukraine vivra».
L'enseignant leur demande ce que veut dire le mot «patriote». «C'est quelqu'un qui aide l'Ukraine», répond une fillette blonde. «Sommes-nous des patriotes?», demande le maître. «Oui!», clament les voix enthousiastes des enfants.
«Les enfants sont revenus»
Cet établissement public accueille un grand nombre d'élèves en présentiel, indique le directeur Ivan Ptashnyk, de nombreux enfants étant revenus de l'étranger ou ne suivant plus leur scolarité à distance. Les effectifs, qui ont atteint à présent le nombre de 2300 enfants scolarisés, ont augmenté car «nos enfants sont revenus», se félicite-t-il.
Cette année, plus de 300 enfants ont intégré le cours préparatoire de première année, répartis en 12 classes. Comme d'autres banlieues de Kiev, Irpin a été occupée d'une manière brutale par les forces russes au cours des semaines qui ont suivi l'invasion, avant d'être libérée par les forces ukrainiennes à l'issue de durs combats. Cette commune est aujourd'hui en pleine croissance, attirant les familles pour les prix plus abordables et les forêts de pins.
Pour la famille de Makar et Nadiya, la décision de revenir en Ukraine n'a pas été facile. Leur mère Viktoriya, 41 ans, a aimé vivre à Varsovie et travailler à distance dans le secteur de la vente.
Mais il était important que la famille soit réunie et que les enfants aient la possibilité de socialiser, alors qu'en Pologne «ils ne se parlaient qu'entre eux», remarque Oleksandr.
(AFP)