Les assauts russes pourraient bien précipiter les discussions dans l'enceinte onusienne. Un débat urgent pourrait avoir lieu, même si aucune demande n'a encore été lancée.
La haute commissaire de l'ONU Michelle Bachelet s'exprimera probablement à plusieurs reprises sur cette situation et elle doit le faire dans tous les cas le 29 mars. Elle est notamment attendue sur sa réponse à la lettre américaine mentionnant une liste russe de personnes à tuer en Ukraine.
L'offensive sera probablement au centre dès le premier jour des cinq semaines de travaux qui doivent être ouverts lundi par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et le président de la Confédération Ignazio Cassis. L'Ukraine est abordée depuis plusieurs années par le Conseil, a rappelé à la presse le président du Conseil Federico Villegas. Mais il «dépendra des Etats» que cette situation ne prenne pas trop de poids par rapport aux autres questions prévues au menu.
Alors que l'Ukraine sera largement abordée, l'instance sera plus polarisée que jamais avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU qui en font désormais partie. Parmi les discours attendus, celui du le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, dont le pays préside l'UE, est attendu dès lundi après-midi.
Suivront mardi ses homologues russes Sergueï Lavrov et américain Antony Blinken dont le pays fait son retour comme membre, après son retrait sous Donald Trump. En parallèle, tous les mêmes acteurs pourraient choisir la Conférence du désarmement (CD), également au Palais des Nations, pour s'exprimer sur les volets sécuritaires liés à l'offensive.
Autre approche au Conseil, une déclaration conjointe de plusieurs pays est prête si la Russie devait faire participer des représentants de Crimée à un débat sur l'Ukraine. De son côté, Kiev présente une nouvelle résolution sur les effets négatifs de la désinformation sur les droits humains.
«Il n'y a plus d'excuse possible»
Plus largement, le débat ukrainien devrait donner le ton à d'autres discussions au Conseil. «On peut partir du principe qu’il y aura des répercussions», y compris en partie sur d'autres thématiques, a dit à Keystone-ATS l'ambassadeur suisse à l'ONU à Genève Jürg Lauber. «Les grandes tensions internationales ont un effet sur les débats à Genève», même si les divisions sur l'Ukraine doivent avant tout être abordées au Conseil de sécurité.
Et les débats au Conseil des droits de l'homme vont de plus en plus sur le terrain de la confrontation. «Le ton est parfois dur ces derniers temps et on voit de plus en plus de manœuvres politiques», selon l'ambassadeur suisse. Ces oppositions «ne devraient pas diminuer».
Parmi les autres questions attendues, la situation au Xinjiang, où seraient internés dans des camps de rééducation plus d'un million d'Ouïghours, devrait être abordée. Human Rights Watch (HRW) exige de Michelle Bachelet qu'elle publie un rapport très attendu sur la région chinoise. «Il n'y a plus d'excuse possible», dit son directeur exécutif Kenneth Roth.
Autre question, la suspension des institutions parlementaires et, en partie, judiciaires en Tunisie par le président Kais Saied. Le chef de l'Etat doit s'exprimer par vidéo lundi matin, juste après Ignazio Cassis et avant plusieurs de ses homologues.
Au total, des dizaines de dirigeants sont attendus en présentiel, pour la première fois depuis le début de la pandémie. Pour autant, l'ONU est plus prudente que le Conseil fédéral sur la levée des restrictions et le masque reste obligatoire dans les salles. Le présentiel «nous a manqué pour le fonctionnement des négociations» parce qu'il permet plus facilement de trouver des compromis, explique aussi l'ambassadeur suisse.
Plus de 100 rapports seront présentés et des dizaines de pays seront à l'ordre du jour, de l'Afghanistan à l'Ukraine en passant par l'Ethiopie ou la Libye. Des mandats de commission d'enquête ou de rapporteurs spéciaux sur la Syrie, la Birmanie ou le Soudan du sud devront être reconduits.
L'année dernière, des sessions ont été prolongées d'une semaine et cinq réunions spéciales ont été organisées. «Nous avons entièrement honoré ce qui était prévu au menu comme lors d'une année habituelle», ajoute Federico Villegas. De grandes avancées ont été obtenues avec le lancement d'une investigation internationale sur le Tigré, en Ethiopie, ou d'un rapporteur spécial sur l'Afghanistan entouré de collaborateurs, estime le patron de HRW.
(ATS)