«Il veut briser nos familles et notre économie»
Le futur Premier ministre canadien annonce un combat sans pitié contre Trump

Il a travaillé pendant des années comme banquier et se retrouve aujourd'hui au cœur d'une guerre commerciale. L'économiste Mark Carney s'apprête à devenir Premier ministre au Canada et a choisi un ton ultra-offensif envers Trump dans son discours de victoire.
Publié: 10.03.2025 à 17:04 heures
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Dernière mise à jour: 10.03.2025 à 17:15 heures
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Mark Carney a été élu dimanche à la tête du Parti libéral.
Photo: IMAGO/NurPhoto
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Janine Enderli

Un bras de fer commercial, des menaces d’annexion et des joutes verbales à répétition: la relation entre le Canada et les Etats-Unis est plus tendue que jamais. Après l'annonce par Donald Trump de droits de douane sur les marchandises canadiennes, Ottawa a appliqué des taxes équivalentes sur les importations américaines. De plus, Trump a menacé à plusieurs reprises de faire du Canada le 51e Etat américain – une déclaration prise très au sérieux par le pays voisin.

Ce contexte de tensions croissantes coïncide avec un bouleversement politique au Canada: dimanche, Mark Carney, ancien gouverneur des banques centrales britannique et canadienne, a été élu à la tête du Parti libéral, succédant ainsi à Justin Trudeau. Il va lui succéder au poste de Premier ministre, en attendant des élections anticipées qui pourraient avoir lieu dans les prochaines semaines.

«Ils vont détruire notre mode de vie»

Dès son discours de victoire, Mark Carney a adopté un ton résolument combatif face à Trump: «L'Amérique n'est pas le Canada, et le Canada ne fera jamais partie de l'Amérique, sous quelque forme que ce soit», a souligné l'homme de 59 ans. Dans son discours, il s'en est même pris directement à Trump: «Il veut s’emparer de notre pays. Il veut briser nos familles et notre économie.»

Dans son discours, Mark Carney a dressé le portrait d'une nation canadienne qui se défend. «Nous n'avons pas demandé ce combat, mais les Canadiens sont toujours prêts à se défendre quand on les attaque.» Et de poursuivre: «Les Américains veulent nos ressources, notre eau, nos sols et nos terres», a-t-il poursuivi. «Pensez-y: s'ils réussissent, ils détruiront notre mode de vie. Nous devons rester unis dans les jours difficiles à venir.»

Carney et le Premier ministre sortant Justin Trudeau.
Photo: keystone-sda.ch

L'homme de 59 ans a remporté l'élection à la tête du Parti libéral avec une majorité écrasante de 85%. Mark Carney est originaire de la petite ville de Fort Smith, dans le nord-ouest du Canada, et a travaillé au début des années 2000 pour la banque d'investissement américaine Goldman Sachs en tant que directeur de la banque d'investissement. 

Il doit maintenant conduire le pays vers de nouvelles élections. La date de ces dernières n'est pas encore connue. Mark Carney, qui sera à la tête d'un gouvernement minoritaire au Parlement, pourrait soit convoquer lui-même des élections anticipées, soit les partis d'opposition pourraient forcer la tenue de nouvelles élections avant la fin du mois en votant une motion de censure.

Comparaison avec Voldemort

Pendant sa campagne électorale, Mark Carney a proposé des droits de douane de rétorsion équivalents à chaque dollar contre les Etats-Unis. Cela signifierait que les Canadiens imposeraient des droits de douane d'un montant identique et s'assureraient que la valeur totale des produits américains qu'ils taxent soit égale aux droits de douane américains sur les exportations canadiennes. Mark Carney pense que «ce sont ces mesures qui feraient le plus de mal aux Etats-Unis». Il a par ailleurs annoncé qu'il maintiendrait les droits de douane sur les importations américaines «jusqu'à ce qu'ils nous montrent du respect».

Les critiques reprochent à l'économiste son manque d'expérience en matière de direction politique. Mark Carney lui-même a souligné pendant la campagne électorale que sa profonde compréhension de l'économie faisait de lui le meilleur candidat pour s'opposer à l'agenda tarifaire de Trump. Bien que le Canadien n'ait jamais été élu à un poste politique jusqu'à présent, il a déjà occupé de nombreux postes au sein du gouvernement, le dernier étant celui de président d'un groupe de travail sur la croissance économique.

L'ancien cadre de Goldman Sachs avait déjà tiré à boulets rouges sur Trump pendant la campagne électorale: avant son élection, il avait comparé le président américain à Lord Voldemort, le maléfique antagoniste de la saga Harry Potter. «Quand on pense à ce qui est en jeu dans ces déclarations ridicules et insultantes du président et à ce que nous pourrions devenir, je considère cela comme des menaces de Voldemort», a-t-il déclaré lors d'un meeting de campagne.

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