Munitions, armes antiaériennes, chars... l'aide militaire des pays occidentaux à l'Ukraine est considérable. Et c'est en grande partie grâce à ce ravitaillement que l'armée ukrainienne tient toujours tête aux troupes russes, et parvient même à les faire reculer.
Mais il est frappant de constater qu'aucun autre pays n'investit autant dans cette guerre que les États-Unis, pourtant géographiquement très éloignés, et qui - contrairement aux pays européens - ne sont pas directement menacés par cette guerre sur leur pas de porte. La superpuissance ne dépend pas non plus des exportations ukrainiennes. Alors pourquoi un tel dévouement?
En dehors de leur engagement officiel au sein de l'OTAN, les États-Unis ont dépensé ou promis une aide humanitaire et militaire de 11 milliards de dollars à l'Ukraine, selon l'Institut pour l'économie mondiale de Kiel (All). Et ce n'est pas tout: Joe Biden ficelle actuellement un nouveau paquet d'aides, qui s'élèvera quant à lui à 33 milliards de dollars – s'il est approuvé par le Congrès.
À titre de comparaison, le soutien offert par tous les pays de l'UE ensemble s'élève au total à 12,8 milliards d'euros. Soit pas même la moitié du montant total étasunien.
Se différencier de Trump
Marco Steenbergen, professeur de méthodologie politique à l'Université de Zurich et fin connaisseur des États-Unis, a peut-être de quoi expliquer cette générosité: «Le mot-clé pour comprendre l'engagement américain en Ukraine est selon moi le mot Trump.»
Pour lui, l'ampleur du soutien de Washington au pays envahi est une réaction à la position fortement hostile à l'OTAN de l'administration de l'ex-président Donald Trump – un positionnement qui plane toujours sur la frange républicaine de la politique étasunienne. Marco Steenbergen pense donc que «le président Biden s'est donné pour mission de rétablir les anciennes alliances, et (ndlr: aider l'Ukraine) est une démonstration claire de cette position.»
Une projection idéologique?
D'autre part, la réaction des États-Unis à la guerre serait clairement liée à leur politique intérieure. «Les démocrates ont été horrifiés par la manipulation russe de l'élection présidentielle américaine, en 2016. Depuis, le sentiment anti-Poutine est profondément enraciné au sein du Parti démocrate, qui contrôle actuellement la Maison Blanche et le Congrès.»
À lire aussi
Plus fondamentalement encore, depuis l'assaut du Capitole, le 6 janvier 2021, de nombreux démocrates estiment qu'il existe désormais une lutte idéologique pour le caractère démocratique des États-Unis: protéger la démocratie contre l'autocratie est ainsi une question centrale. «Je pense que l'administration Biden projette, dans une certaine mesure, la guerre en Ukraine sur les États-Unis», concède l'académicien.
Arrêter les «dictateurs»
Les médias américains commentent l'engagement de Washington envers Kiev en ces termes: affaiblir la Russie, s'assurer qu'une Ukraine souveraine survive à Poutine. Joe Biden a récemment déclaré aux médias: «Au cours de notre histoire, nous avons appris que si les dictateurs ne paient pas le prix de leur agression, ils ne font que provoquer encore plus de chaos, et s'engagent dans plus d'agressions.»
Le ministre des Affaires étrangères étasunien, Antony Blinken, écrit quant à lui, sur la page d'accueil de son ministère, abrité à quelque 9153 km du conflit: «L'engagement des États-Unis en faveur de l'indépendance, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine est irrévocable.»
(Adaptation par Daniella Gorbunova)