Huit établissements fermés de force
Une restauratrice est furieuse contre la loi anti-alcool à Majorque

À Majorque (Esp), huit établissements doivent fermer. La raison: ils ont enfreint la loi contre le tourisme de l'ivresse. La tenancière suisse Beatrice Ciccardini est en colère. Elle explique pourquoi elle considère ces fermetures comme une «politique de l'autruche».
Publié: 27.07.2022 à 06:15 heures
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Huit établissements de Majorque doivent fermer leurs portes pour avoir contrevenu à la nouvelle réglementation sur l'alcool en vigueur dans la ville des Baléares.
Photo: imago images/Chris Emil Janßen
Fabian Vogt

C’est un choc pour les fêtards: huit établissements doivent fermer leurs portes à Majorque pour avoir enfreint la loi contre le tourisme de l’ivresse. Quatre d’entre eux se trouvent dans le quartier légendaire de Ballermann, autrement appelé «l’Allemagne espagnole». Les quatre autres se trouvent dans la tout aussi célèbre Magaluf, haut lieu des excès d’alcool britanniques.

Il est notamment reproché aux gérants de ces établissements de servir régulièrement de l’alcool à des mineurs ou en dehors des heures autorisées, tout en faisant de la publicité sexiste.

Colère chez les restaurateurs

La restauratrice suisse Beatrice Ciccardini est furieuse contre les autorités. Cette ancienne guide touristique travaille depuis 46 ans à Majorque et possédait avec son ex-mari plusieurs clubs, dont l'Oberbayern et le fameux Bierkönig. Aujourd’hui, elle gère le restaurant Zur Krone.

Certes, les autorités tentent d’entreprendre quelque chose contre les excès d’alcool en appliquant cette loi sur le tourisme de la boisson, mais selon elle, cela ne fonctionne pas.

«Ici, c’est encore pire qu’avant le Covid», déclare la Suissesse à Blick. Les visiteurs continuent à s’enivrer jour et nuit: «Ils hurlent comme si le virus n’avait jamais existé. Je ne connais presque personne qui vit ici et qui n’a pas été infecté par le coronavirus.»

Des femmes qui dansent en sous-vêtements sur le trottoir

Mais comme la plupart présenteraient des symptômes légers, pourquoi arrêter la fête? Elle a toutefois pris fin pour quatre boîtes de nuit de Magaluf.

Deux bars ont également été fermés. La raison? Ils servaient de l’alcool en dehors des heures autorisées. Deux autres bars ont été contraints de mettre la clé sous le paillasson parce qu’ils laissaient des clientes en sous-vêtements danser à l’extérieur.

A 2h30, couvre-feu général

La loi contre le tourisme de l’ivresse est en vigueur depuis plus d’un mois et demi maintenant. Pas moins de 90 procès-verbaux pour infraction et huit procédures de fermeture préventive de différents établissements de Magaluf et de la Playa de Palma, le nom officiel du Ballermann, ont été enregistrés à ce jour par la police, selon les médias espagnols.

«Ce qui a changé pour moi, c’est que nous n’avons désormais plus le droit d’afficher des publicités pour la vente d’alcool à l’extérieur et que nous devons promouvoir la bière sans alcool à la place», se plaint la Suissesse. En outre, les supermarchés ne peuvent plus vendre d’alcool à partir de 21h30. De même, les bars ne pourront plus proposer de boissons alcoolisées dans la rue. Et à 2h30, c’est le couvre-feu général.

«C’est une politique de l’autruche»

Beatrice Ciccardini ne comprend pas pourquoi c’est la scène gastronomique qui sert d’exemple avec la fermeture de huit établissements, mais qu’elle ne soit pas appliquée à d’autres.

Les restaurateurs locaux ont maintenant un autre problème: «Les vendeurs de souvenirs, qui vendent habituellement leurs lunettes de soleil et autres gadgets, ont désormais de l’alcool dans leur assortiment, et cela à n’importe quelle heure.»

Si les magasins n’avaient plus le droit de vendre quoi que ce soit, les touristes, assoiffés, s’approvisionneraient tout simplement auprès des stands mobiles. L’assortiment est diversifié: bière et alcool fort. Pour la Suissesse, «c’est une politique de l’autruche».

Beatrice Ciccardini ajoute: «Personne ne fait rien contre ces vendeurs!» Pourtant, contrairement à son commerce, cette alternative n’est absolument pas réglementée. Les recettes échapperaient également aux caisses de la ville, alors qu’elle et les autres restaurateurs paient leurs taxes. La Suissesse est en colère: «C’est une vraie blague.»

Il s’agit d’un «processus de transformation»

A la Playa de Palma, les fermetures annoncées n’ont pas encore eu lieu. La durée et la date de leur fermeture n’ont pas encore été décidées.

Il serait «difficile et injuste de bannir des pratiques datant de 30 ans en seulement deux mois», a reconnu le conseiller municipal chargé du dossier lorsqu’il a annoncé les mesures. Il s’agit d’un «processus de transformation». C’est pourquoi il y aura certainement d’autres sanctions et fermetures d’ici la fin de l’été.

(Adaptation par Mathilde Jaccard)

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