Que Donald Trump n'ait jamais servi dans l'armée n'empêche pas le camp républicain de critiquer Tim Walz, le colistier de sa rivale démocrate Kamala Harris, accusé de ne pas avoir brillé dans les rangs de la grande muette. Une stratégie pas si nouvelle.
Aux Etats-Unis, ce genre de campagne de dénigrement est appelée «swift boat», en référence à «Swift Boat Veterans for Truth», depuis que cette organisation d'anciens membres de l'armée a accusé John Kerry de mentir sur son service militaire, contribuant à l'échec du démocrate dans sa course à la Maison Blanche en 2004.
«HONTE POUR NOTRE PAYS»
A force de reports et délais, Donald Trump, 78 ans, a évité d'être mobilisé pendant la guerre du Vietnam. Mais, pour lui, Tim Walz est une «HONTE POUR NOTRE PAYS», comme il l'a qualifié sur les réseaux sociaux. Son propre colistier pour l'élection de novembre, le très conservateur J.D. Vance, a lui affirmé que le gouverneur du Minnesota de 60 ans avait tout bonnement déserté lorsque son unité allait être déployée en Irak.
Ces attaques surviennent au moment où la campagne présidentielle reste surtout marquée par la ferveur démocrate suscitée par l'entrée en lice de Kamala Harris qui a semé le trouble chez les républicains. Codirecteur de la campagne de Donald Trump, Chris LaCivita avait déjà participé à la stratégie du «swift boat» contre John Kerry, dans un pays où l'armée garde un grand prestige et où avoir fait son service militaire est généralement considéré comme un atout en politique.
A la garde nationale pendant 24 ans
Mais le contexte est différent, fait remarquer à l'AFP le politologue Jeremy Teigen, car John Kerry avait mis son service militaire au centre de sa campagne dans un pays en guerre, un an après l'invasion de l'Irak. Mais Tim Walz «n'a pas fait de son service militaire sa marque de fabrique», observe le chercheur. Et cette stratégie pourrait bien se retourner contre le camp républicain en attirant «l'attention sur le fait que l'ancien président Trump s'est soustrait à plusieurs reprises à la conscription», ajoute Jeremy Teigen.
Tim Walz a servi dans la garde nationale pendant plus de 24 ans. «Il a occupé plusieurs postes au sein de l'artillerie de campagne et a progressé dans sa carrière jusqu'à devenir sergent-chef», a souligné Kristen Augé, porte-parole de la garde nationale dans le Minnesota.
Le potentiel futur vice-président a notamment été mobilisé entre 2003 et 2004 dans le cadre de «missions de sécurité en Europe et en Turquie», a-t-elle précisé dans un communiqué. Mais il a toutefois pris sa retraite en tant que simple sergent «parce qu'il n'a pas suivi de cours supplémentaires» nécessaires, a-t-elle ajouté. Une rétrogradation sur laquelle le camp républicain ne manque pas d'insister.
Tim Walz, un déserteur?
Autre polémique: en pleine guerre en Irak, Tim Walz se présente aux législatives, prend sa retraite de la garde nationale en 2005 et est élu au Congrès l'année suivante, celle du déploiement de son unité dans ce pays du Moyen-Orient.
Ancien membre des services médias de la Marine, notamment en Irak, J.D. Vance a attaqué Tim Walz sur cette retraite anticipée. «Lorsque son pays a demandé à Tim Walz d'aller en Irak, vous savez ce qu'il a fait? Il a quitté l'armée et a laissé son unité partir sans lui», a lancé le sénateur de l'Ohio lors d'un rassemblement cette semaine.
Face aux critiques, l'équipe de campagne de Kamala Harris veut jouer la carte de la sagesse, défendant un Tim Walz qui «n'insulterait jamais ni ne dénigrerait le service d'un Américain pour son pays»: «En fait, il remercie même le sénateur Vance d'avoir risqué sa vie pour notre pays.»
Au Congrès, Tim Walz a été «un défenseur acharné» de l'armée, rappelle aussi les démocrates dans un communiqué. Et, promettent-ils, «en tant que vice-président des Etats-Unis, il continuera à être le porte-voix de nos anciens combattants et nos familles de militaires».