L'armée russe se prépare à devoir maintenir ses efforts militaires pendant plusieurs mois encore, malgré ses difficultés à reconstituer ses effectifs, selon le commandement des services de renseignements ukrainiens, cités par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW).
Dans cette perspective, «la Russie a probablement commencé ces dernières semaines à déployer le troisième bataillon de certaines formations de combat» alors que la plupart des brigades «n'engagent normalement au maximum que deux de leurs trois bataillons en même temps», indique le ministère britannique de la Défense.
Les effectifs de ces troisièmes bataillons étant souvent incomplets, Moscou «devra probablement faire appel à de nouvelles recrues ou à la mobilisation de réservistes pour déployer ces unités en Ukraine», précise-t-il.
Assauts russes «sans succès»
Dans le bassin houiller du Donbass, déjà en partie tenu par des séparatistes prorusses depuis 2014, les forces russes contrôlaient la zone d'habitation de Severodonetsk mais tentaient toujours de déloger les combattants ukrainiens retranchés dans l'usine chimique d'Azot.
Les troupes russes lancent «sans succès» des assauts contre Severodonetsk, a affirmé dimanche l'état-major ukrainien, qui avait fait auparavant état de pilonnages intensifs pour «démoraliser» ses forces et remporter le duel d'artillerie inégal.
«La Russie utilise sa supériorité en nombre et en artillerie pour gagner progressivement du terrain à Severodonetsk et aux alentours», selon le ministère britannique de la Défense.
Pas de révision de situation des trois soldats étrangers condamnés
Le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, a reconnu une situation «extrêmement difficile». L'ennemi veut complètement isoler Severodonetsk en empêchant tout passage d'hommes ou de munitions, a-t-il ajouté, disant craindre qu'il ne lance «toutes ses réserves pour prendre la ville» dans les 48 heures.
La chute de Severodonetsk ouvrirait la route de Kramatorsk, où siègent depuis 2014 les autorités ukrainiennes de la région de Donetsk, qui avec celle de Lougansk constitue le Donbass.
L'armée russe a par ailleurs affirmé avoir abattu trois avions de chasse Soukhoï Su-25 ukrainiens entre samedi matin et dimanche matin, deux en combat aérien, un dans le Donbass et un au sud de Kiev, et le troisième par sa DCA.
Le dirigeant de la région séparatiste prorusse de Donetsk, Denis Pouchiline, a exclu dimanche une révision de la condamnation à mort pour «mercenariat» de deux Britanniques et d'un Marocain faits prisonniers alors qu'ils combattaient au sein des forces ukrainiennes dans le Donbass, qualifiant la sentence de «juste».
Tirs meurtriers à la frontière roumaine
Des tirs de missiles de croisière russes samedi soir près de Tchortkiv, à 140 km au nord de la frontière roumaine, a fait au moins 22 blessés, dont des civils, et partiellement détruit un site militaire, selon les autorités locales.
Moscou a affirmé dimanche avoir détruit à Tchortkiv «un grand entrepôt de systèmes de missiles antichars, de systèmes portatifs de défense aérienne et d'obus fournis au régime de Kiev par les États-Unis et les pays européens.»
Dans la région de Kherson (sud), occupée en quasi totalité depuis les premiers jours de l'invasion, les forces ukrainiennes ont poursuivi leurs coups de main.
Elles ont «probablement repris leurs contre-offensives au nord-ouest de la ville de Kherson le 11 juin, plus au sud que leurs précédentes opérations», selon l'ISW.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé samedi soir dans son message vidéo quotidien que ses troupes avaient repris des localités dans cette région, et dans celle de Zaporijjia, plus au nord-est.
Difficile bilan des victimes
Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), tombée en mai au terme d'un terrible siège, les autorités ukrainiennes évoquent quelque 20'000 morts.
Sur le plan militaire, des sources de sécurité occidentales évoquent désormais de 15'000 à 20'000 soldats russes tués.
Les forces ukrainiennes perdent chaque jour une centaine de soldats, a déclaré jeudi le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov.
Aucune statistique indépendante n'est disponible.
Plus de sept millions d'Ukrainiens sont déplacés à l'intérieur de leur pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR). S'y ajoutent 7,3 millions qui ont fui à l'étranger, dont plus de la moitié en Pologne.
Avant l'invasion russe, l'Ukraine comptait 37 millions d'habitants dans les régions contrôlées par Kiev.
(AFP)