Le gouvernement argentin voudrait supprimer le concept pénal de féminicide, considérant «qu'aucune vie ne vaut plus qu'une autre», a estimé le ministre de la Justice, un voeu au devenir législatif toutefois incertain, dans un Parlement où les forces du président ultralibéral Javier Milei sont très minoritaires.
«Nous allons éliminer la notion de féminicide du Code penal argentin. Parce que ce gouvernement défend l'égalité devant la loi inscrite dans notre Constitution nationale», a affirmé vendredi le ministre de la Justice Mariano Cuneo Libarona sur son compte X, en écho à la diatribe de Javier Milei la veille sur le féminisme, au Forum de Davos.
Javier Milei en guerre contre le féminisme
Javier Milei, reprenant l'un de ses arguments réguliers, avait estimé jeudi que «le féminisme radical est une distorsion du concept d'égalité». Et que le concept de féminicide «légalise, de fait, que la vie d'une femme vaut plus que la vie d'un homme». «Quel que soit notre sexe, nous sommes tous égaux devant la loi et méritons la même protection et le même respect» appuie vendredi en écho le ministre Libarona.
La notion de féminicide a été incorporée au Code pénal argentin en 2012, bien que le mot n'y figure pas explicitement. Mais il considère comme circonstance aggravante, passible de la perpétuité, l'homicide «d'une femme perpétré par un homme et relevant de violence de genre». C'est à dire tuée «pour sa condition de femme, parce qu'elle est une femme», explique à l'AFP le pénaliste Gaston Francone.
Un projet hypothétique
Parmi d'autres circonstances aggravantes à l'homicide, le Code pénal considère aussi des questions de race, de religion, d'orientation sexuelle, ou «par plaisir». L'homicide sans circonstance aggravante est passible de 25 ans de prison. Depuis fin 2024, quelques médias, citant des sources gouvernementales, se sont fait l'écho de la volonté de la présidence Milei -aux fréquentes sorties contre «l'agenda», «le cancer» woke - de revenir sur des législations des dernières années relatives au genre.
Ainsi éliminer le féminicide, supprimer la possibilité (depuis 2012) de changer d'identité de genre sur simple déclaration, et (depuis 2021) les documents d'identité «non binaires» offrant l'option « X « sur passeport et carte d'identité. L'exécutif souhaiterait présenter un projet de loi en ce sens à la prochaine session ordinaire du Parlement, à partir de mars.
Mais de l'aveu-même de ces sources, le devenir législatif d'un tel projet est hypothétique. Le groupe ultralibéral de Javier Milei est très minoritaire -3e ou 4e force- aux deux chambres du Parlement, où l'opposition péroniste (centre-gauche) qui avait porté ces lois, reste le premier bloc. En 2012, le Sénat avait approuvé la Loi sur l'identité de genre à une écrasante majorité.