Les responsables de l'émission Quotidien de Yann Barthès ont assumé ne pas inviter de membre du RN en plateau, mercredi devant les députés, en faisant valoir que les règles d'équilibre du temps de parole étaient malgré cela «parfaitement respectées». Ne pas inviter de responsable du Rassemblement National est une «décision collective», et c'est «lié à la manière dont les journalistes de la rédaction vivent le traitement que leur inflige le RN», a assuré le producteur Laurent Bon (société Bangumi).
«Le RN boycotte, discrédite et agresse les équipes de Quotidien depuis des années», a renchéri l'animateur et producteur Yann Barthès. Il a reproché à ce parti «d'interdire» l'accès à ses meetings aux journalistes de l'émission, victimes selon lui de «violences sur le terrain». Tous deux étaient auditionnés par la Commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur l'attribution des fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT). Ils étaient accompagnés de leur journaliste Julien Bellver et de responsables de TF1, groupe auquel appartient TMC, la chaîne qui diffuse Quotidien.
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Yann Barthès sur la défensive
Cette audition avait été réclamée par le RN, qui déplore ne pas être invité dans l'émission, demande acceptée par le président de la commission, Quentin Bataillon (député Renaissance). «Je ne vais pas vous dire que je suis ravi d'être là», a lancé Yann Barthès, en veste polaire kaki qui tranchait avec les élégants costumes-cravates qu'il arbore à l'antenne. Je suis «fier de tout ce que nous avons fait. Je sais que cette phrase pourra être retenue contre moi, mais je la dis quand même», a ajouté Yann Barthès, tendu et sur la défensive. Selon lui, la «ligne éditoriale» de l'émission est marquée par des «valeurs d'humanisme, antiracistes, de liberté et égalité». «Toutes les sensibilités politiques s'expriment dans l'émission» et le «cadre légal» est «parfaitement respecté», a fait valoir Ara Aprikian, numéro 2 du groupe TF1.
Le temps de parole est contrôlé par l'Arcom, le régulateur, de manière globale, à la fois sur les plateaux et dans les séquences enregistrées. «Ca n'est pas le même niveau de qualité quand on peut s'exprimer en direct», a objecté le député RN Thomas Ménagé, en accusant Quotidien d'être «la seule émission qui assume exclure une partie du spectre politique». «Si demain vous étiez accrédités à nos meetings, est-il possible que soyons invités sur vos plateaux ?», a-t-il demandé. «On ne peut pas conditionner» l'un à l'autre, a répondu Laurent Bon. Les règles pourraient évoluer après une récente décision du Conseil d'Etat sur le pluralisme dans les médias.
Les moqueries d'Hanouna
«Si on nous demande de vous recevoir, si c'est la loi, évidemment on le fera», a assuré Laurent Bon. La question du pluralisme est au coeur des travaux de la commission d'enquête. Ces dernières semaines, elle a également interrogé les vedettes de CNews, dont Pascal Praud, et celle de C8, Cyril Hanouna. Ces chaînes du groupe Canal+, dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, sont accusées par des personnalités de gauche de promouvoir des opinions d'extrême droite, ce qu'elles contestent.
Concurrent de Quotidien avec son émission Touche pas à mon poste, Cyril Hanouna s'est moqué de Yann Barthès sur le réseau social X. Au début de son audition, ce dernier s'était emmêlé dans ses propos après avoir égaré ses notes. C'est «Jean-Marc sans Jeff Panacloc», a raillé M. Hanouna en référence à une marionnette et son célèbre ventriloque.
Après les responsables de Quotidien, la commission devait entendre, à huis clos, le milliardaire Rodolphe Saadé. Son groupe, l'armateur CMA CGM, est en train de racheter les médias d'Altice, dont BFMTV et la radio RMC.
(AFP)