Il rallume le feu. Il embrase toujours la scène. Il reste l'idole des jeunes. Johnny Hallyday n'est pas mort dans le cœur des Français. La preuve? L'exposition qui lui est consacrée au Palais des congrès de la Porte de Versailles, à Paris, s'apprête à attirer les foules. Revoici venu le temps de Johnny, le rocker mélancolique disparu le 5 décembre 2017.
Ses deux plus jeunes filles, Jade et Joy, adoptées au Vietnam avec sa femme Laetitia Hallyday, viennent de faire la couverture de «Paris Match». La tournée posthume a démarré juste avant Noël. La «Johnny mania» sera la fièvre parisienne de ce début d'année 2024.
Aucune révélation posthume dans cette exposition qui ressemble à une tournée. Ce n'est pas l'homme Jean-Philippe Smet, de nationalité française et belge, né à Paris le 15 juin 1943, qui est célébré au détour des salles. C'est le chanteur, le rocker, mais surtout la personnalité publique préférée des Français. Ses guitares sont présentées en vitrine. Ses costumes de scène aussi. Des films retracent les épopées que furent ses concerts, comme celui du 18 juin 1993, lorsqu'une foule de spectateurs en délire lui font une haie d'honneur au Parc des Princes.
Plus tard, au Stade de France, Johnny sera porté par ses fans jusqu'à la scène, après être descendu d'une nacelle. «Près de 60 ans de carrière, 1000 chansons, 50 albums. Et vous êtes là, encore là, toujours là», avait déclaré Emmanuel Macron sur le parvis de l'Église de la Madeleine, le jour de ses obsèques, le 9 décembre 2017. Et c'est vrai. Six ans après son décès, le chanteur de «Noir c'est noir» rallume le feu dans sa ville: Paris.
Rock'n roll
Le moment le plus touchant de cet hommage à celui qui révolutionna le Rock'n roll à la française est sans doute la reconstitution de sa loge à l'Olympia, l'une des salles mythiques de la capitale. Le chanteur, admirateur d'Elvis Presley, y fait ses débuts le 21 septembre 1961. Il déferle sur scène comme un fauve, déhanchements compris. Johnny est un animal musical. Il est alors, pour le très conservateur «Figaro», un artiste «abonné aux faits divers». Ses fans cassent tout. Lui donne l'impression de crier sur scène. Sa voix envoute les spectateurs (et les spectatrices), mais révolte les critiques.
«Son goût pour la castagne et le twist ne plaisent pas à tout le monde» reconnaitra, dans un article publié après son décès, le quotidien de droite. Sauf que la vague Johnny déferle. Rien ne l'arrête. Il est, à l'aube des «Trente glorieuses», l'icône de l'optimisme et de la liberté individuelle revendiquée. L'interprète s'impose. Il n'est pas compositeur dans un pays qui loue la création artistique et l'écriture. Sa chaleur l'emporte. «Dans chacune de vos vies, il y a eu ce moment où l’une de ses chansons a traduit ce que vous aviez dans le cœur, ce que nous avions dans le cœur», a justement rappelé, le jour de ses funérailles, Emmanuel Macron.
Souvenir et mémoire
Une exposition en forme de souvenir? La preuve que le culte Johnny fonctionne à plein? Non. C'est au présent que tout continue de se conjuguer pour celui qui aimait la Suisse, où il se réfugia à Gstaad, pour des raisons fiscales. Sa famille est un chaos. Son fils David bataille pour être reconnu comme son meilleur héritier artistique. Sa fille Laura réclame enfin de l'attention. Jade et Joy veillent, adolescentes, sur l'héritage au sens strict.
Ce chaos personnel a toujours été suivi par le pays entier. «Tous les Français au fond d’eux-mêmes savent depuis longtemps que Johnny était à vous, Johnny était à son public, Johnny était au pays», commentait, en décembre 2017, le président tout juste élu. Et de poursuivre: «Parce que Johnny était beaucoup plus qu’un chanteur, c’était la vie, la vie dans ce qu’elle a de souverain, d’éblouissant, de généreux et c’était une part de nous-mêmes, c’était une part de la France.»
Rendez-vous avec l'idole
Rendez-vous avec l'idole. Avec celui qui, par ses folies, ses colères, mais aussi le feuilleton de ses amours, de Sylvie Vartan à Laetitia en passant par Nathalie Baye, était le baromètre des passions nationales. Dans cette exposition, auparavant présentée à Bruxelles où elle a accueilli 100'000 personnes, son bureau dans sa propriété de Marnes la coquette, à l'ouest de Paris, est reconstitué. Le bureau d'un homme apaisé, mais toujours dévoré de l'intérieur, après des décennies de passions et d'excès.
«Qu'on me donne la haine pour que j'aime l'amour/ La solitude aussi pour que j'aime les gens / Pour que j'aime le silence qu'on me fasse des discours/ Et toucher la misère pour respecter l'argent», chantait Johnny Hallyday. Cette envie, six ans après sa mort, brûle toujours dans le cœur de ses fans.
À voir: Exposition Johnny Hallyday. Parc des Expositions. Porte de Versailles. Paris. À partir du 22 décembre