L’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing en jouait devant les caméras. Yvette Horner — parfois aux côtés du Béjart Ballet Lausanne — et Edith Piaf l'ont érigé au rang de monument national. Depuis, on le place volontiers aux côtés de la baguette et du béret dans la liste des plus gros clichés de l'Hexagone. Mais Maugein, le dernier fabricant du pays d’accordéon à bretelles, va fermer, «contrainte à la liquidation après 105 ans de fabrication de l’instrument, surnommé le 'piano du pauvre’», annonce «The Guardian» avec émotion.
C'est au «Courrier International» que l'on doit ce repérage dans la presse britannique. Selon nos confrères, «c’est un pan de l’histoire française qui s’achève, seulement six mois après l’inauguration de la Cité de l’accordéon et des patrimoines à Tulle par François Hollande, ancien président de la République et actuel député de Corrèze, et Rachida Dati, ministre de la Culture.»
Regardons dans le rétroviseur. L’aventure Maugein débute juste après la Première Guerre mondiale «dans une ancienne usine de munitions». Mais c’est après la Seconde Guerre mondiale que l’activité s'envole «lorsque l’arrivée en France du jazz et du swing a stimulé les ventes».
Un long déclin
La chute commence dans les années 1970 et, au fil des années, le marché est progressivement dominé par les Chinois. Depuis les années 1990, il ne restait d’ailleurs plus que Maugein en France pour «produire des instruments de A à Z et sur commande, un processus qui nécessite 110 heures et jusqu’à 6000 pièces, pour fabriquer 70 à 80 accordéons par mois», note «The Guardian», toujours cité par le «Courrier International».
«Richard Brandao, le PDG de l’entreprise, s’est battu depuis plus de dix ans en essayant notamment de pénétrer le marché chinois, dont la taille (et l’engouement pour l’instrument) laissait entrevoir un espoir de croissance, développent encore nos confrères. Pour lui, la concurrence chinoise puis le Covid-19 sont responsables de la situation actuelle.» Interpellé sur ce dossier, François Hollande assure toutefois que la messe n'est pas encore dite. D'après la figure socialiste, de nouveaux investisseurs pourraient assurer la pérennité de la marque Maugein.