Dans le cadre de l'enquête le visant pour viol, Patrick Poivre d'Arvor, ancienne star du JT sur TF1 a passé trois heures en compagnie d'une psychologue clinicienne afin qu'elle procède à son expertise. Et le portrait dressé par la spécialiste est édifiant: le journaliste est dépeint comme «peu enclin à se remettre en question» et «ayant des difficultés à correctement appréhender les relations hommes-femmes», révèle le «Parisien» qui a pris connaissance du rapport de 17 pages, dimanche 8 décembre.
La mission de la spécialiste mandatée par un juge d'instruction de Nanterre n'est pas de donner son avis sur les faits, contestés par PPDA, mais d'éclairer la Cour. L'ancien présentateur est mis en examen pour viol et mis en cause par plus de 40 femmes.
Convaincu de plaire
Selon l'experte, PPDA ne présente aucun trouble mental susceptible d'influencer son comportement. En revanche, elle avance que le journaliste a une vision simpliste et binaire des événements. «Ses capacités à se sentir concerné, à percevoir, à repérer, à appréhender les éléments de la subjectivité humaine sont restreintes», détaille-t-elle.
Selon l’experte, Patrick Poivre d’Arvor semble convaincu de plaire, une perception renforcée par sa notoriété qui lui aurait conféré une aura d’autorité et de désirabilité. Il évoluerait dans un univers où il présume que les personnes qui s’adressent à lui sont automatiquement dans une démarche de demande, indépendamment du contenu des échanges. Cette posture mentale, selon la psychologue, fragiliserait ses capacités à douter, à se remettre en question, et à mesurer pleinement les implications de ses interactions.
Tout pour la gloire selon PPDA
Lors de cette expertise, la psychologue a abordé la question des faits reprochés à PPDA. Par exemple, pour la mise en examen pour viol sur Florence Porcel, l'experte indique que le journaliste l'a vécu comme un acte «arbitraire» et pense avoir subi «un acharnement».
L'information judiciaire a été élargie en février 2024 à deux viols et une agression sexuelle, dénoncée par trois autres femmes. PPDA n'a pas été mis en examen pour ces cas-ci. Pour l'ancien présentateur, une des plaignantes était assoiffée de gloire: «C’est décevant, tous les écrits qu’elle m’a adressés montrent bien la vanité de l’affaire. Se faire connaître.» Quant aux deux autres: «Je ne sais pas pourquoi elles ont besoin de se rajouter à la meute.»
«Peut-être indélicat»
Lors de son entretien avec la psychologue, Patrick Poivre d'Arvor a été interrogé sur l'accumulation des 40 témoignages. Il distingue celles qu'il accuse de «vengeance» de celles dont les accusations l'interrogent. Dans ce cernier cas, il reconnaît: «Je me dis que peut-être j'ai été indélicat». Il insiste toutefois sur le fait que ses comportements n'étaient pas «intentionnels» et assure que ses relations étaient «consenties» et «non violentes».
L'ancienne vedette du téléjournal pointe également un autre coupable: la presse. «Très souvent elles répétaient ce qu’elles avaient lu dans 'Libération' ou les très nombreux journaux s’étant intéressés.» Pour la psychologue, le constat est clair: Patrick Poivre d'Arvor ne se remet pas en cause. Il ne s'est pas posé la question de savoir s'il avait «mal fait quelque chose», souligne-t-elle.
Chargée d'évaluer les perspectives de réinsertion du journaliste et la nécessité d'un éventuel suivi, l'experte note que sa réputation actuelle réduit les risques que les faits qui lui sont reprochés se reproduisent. Elle recommande «des entretiens d'éducation à la santé» pour l’aider à revisiter ses perceptions des interactions hommes-femmes.