«On a une correspondance à Paris qu'on va rater, ça va être l'enfer»: le trafic des trains SNCF reste perturbé en ce début de week-end au lendemain d'une attaque «massive» contre le réseau TGV, qui pour l'heure n'a pas encore été revendiquée.
La situation s'améliore, mais le trafic ferroviaire restera perturbé samedi. En moyenne sept TGV sur 10 vont circuler sur les axes Nord, Bretagne et Sud-Ouest, avec des retards moyens de 1 à 2 heures, a annoncé la SNCF samedi matin. La circulation a repris normalement sur la ligne à grande vitesse Est. Le trafic sera encore perturbé dimanche «sur l'axe Nord» mais il «devrait s'améliorer sur l'axe Atlantique pour les retours de week-end».
«Les agents de SNCF Réseau ont travaillé toute la nuit dans des conditions difficiles sous la pluie pour permettre une amélioration des circulations TGV sur les axes touchés par les actes de sabotage», dit encore la SNCF samedi matin. Malgré ces efforts, le voyage s'annonce pénible pour Kathleen Cuvellier, qui s'apprête à monter dans un TER pour Paris au départ de la gare Lille Flandres. Pour son fils de deux ans et son petit bichon, «ça va être l'enfer». Ils partent en vacances à Avignon. «J'étais sur 4 heures de trajet et je vais mettre 7 heures», résume-t-elle.
Retards et annulations
A Lille, une voix annonce l'annulation du TGV pour Nantes de 9h36 samedi. Le retour de vacances de Cécile Bonnefond, Nantaise de 50 ans qui était en séjour en Belgique, devient «un peu stressant, du coup: ça ne tourne pas depuis ce matin, mais on n'a pas le choix de toute manière». Au moins, «tous les transports d'équipes et accrédités» pour les Jeux seront assurés, a souligné la SNCF.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, des câbles de fibre optique passant à proximité des voies et garantissant la transmission d'informations de sécurité pour les conducteurs (feux rouges, aiguillages...) ont été coupés et incendiés à divers endroit du réseau. Une opération «bien préparée», organisée par une «même structure», a indiqué une source proche de l'enquête. Pour l'heure, aucune revendication n'a été reçue.
Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour détérioration de bien de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, atteintes à un système de traitement automatisé de données en bande organisée et association de malfaiteurs.
Les investigations mobilisent plus de cinquante enquêteurs de la gendarmerie, selon une autre source proche du dossier. Des prélèvements effectués sur les différents lieux ont été envoyés aux experts de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) pour être analysés en urgence, a-t-on indiqué de même source.
Panique avant les JO
L'attaque est survenue à quelques heures seulement de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques 2024 à Paris, alors que de nombreux voyageurs avaient prévu de rallier la capitale, suscitant une pagaille monstre dans les gares vendredi au petit matin. «Les gens qui sont les plus touchés aujourd'hui, ce sont les 800'000 voyageurs prévus ce week-end, qui doivent rejoindre leurs lieux de vacances. C'est plutôt le grand chassé-croisé des vacances qui est visé plus que les JO spécifiquement», avait avancé vendredi le ministre délégué aux Transports Patrice Vergriete.
La circulation routière a d'ailleurs été très dense vendredi pour le chassé-croisé du dernier week-end de juillet, selon Bison Futé. A la gare Montparnasse, plusieurs employés ont confié à l'AFP leur «tristesse». «On se prépare depuis des mois pour être fin prêts pour les Jeux, et voilà, aujourd'hui, c'est la catastrophe», a déploré l'un d'eux, vendredi après-midi. Situation exceptionnelle oblige, en gare, des agents SNCF ont fait preuve de souplesse, laissant entrer davantage de personnes que de places assises dans les trains ou s'abstenant de contrôler des billets.
Les incendies volontaires ont touché des postes d'aiguillage à Courtalain (LGV Atlantique), Croisilles (LGV Nord) et Pagny-Sur-Moselle (LGV Est). Un acte de malveillance a en revanche été déjoué sur la LGV Sud-Est, à Vergigny (Yonne), par des cheminots qui menaient des opérations d'entretien pendant la nuit, selon le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou. Des sabotages similaires avaient eu lieu l'an dernier en Allemagne, ou sur la LGV Est, en janvier 2023.