La fondation Ethos, qui représente des caisses de retraite en Suisse, a exigé davantage de transparence de la part de Nestlé concernant le scandale des eaux minérales en France lors de l'assemblée générale mercredi du géant agroalimentaire. Devant les actionnaires réunis à Ecublens, près de Lausanne, le directeur général de cette fondation, Vincent Kaufmann, a appelé le conseil d'administration à publier les résultats de l'enquête interne annoncée par le patron de Nestlé lors d'une audition la semaine dernière au Sénat en France.
«Cette enquête aurait du être initiée depuis longtemps, sur demande du conseil d'administration», a déclaré Vincent Kaufmann, qui estime que les actionnaires ont, eux aussi, besoin de plus d'informations concernant ce scandale pour «pouvoir évaluer les risques encourus». En France, une commission d'enquête sénatoriale a été mise sur pied en novembre dernier, près d'un an après des révélations par des journalistes du Monde, de Radio France et de Mediapart concernant le recours à traitements illégaux de l'eau par des minéraliers, dont Nestlé Waters.
Lors d'une audition le 9 avril, le directeur général de Nestlé, le Français Laurent Freixe, a expliqué que le groupe a commandé une enquête interne, dont les résultats seront partagés avec les autorités judiciaires. Vincent Kaufmann a considéré que Nestlé devrait fournir au moins un «résumé» des conclusions de cette enquête aux actionnaires lorsqu'elle serait achevée. Le directeur de cette fondation a reproché au géant de l'agroalimentaire, propriétaire entre autres des marques Perrier et S. Pellegrino, de ne pas avoir fourni assez de détails sur ce scandale dans son rapport annuel.
Quitus tout de même validé
Lors des assemblées générales, cette fondation émet des recommandations de vote pour ses membres qui comptent plus de 250 caisses de retraite. Elle les avait appelés à ne pas donner le quitus au conseil d'administration et à la direction pour l'exercice 2024. Actares, une organisation actionnariale suisse, s'est également opposée à ce quitus qui permet de décharger les dirigeants de leurs responsabilités personnelles pour l'exercice écoulé.
Lors de l'assemblée générale, l'écrasante majorité des actionnaires en a décidé autrement. Ils ont voté à 92,28% en faveur de ce quitus, contre 7,02% de voix contre et 0,70% d'abstention. L'exercice 2024 a été «une année particulière» pour Nestlé, a reconnu le président du conseil d'administration, Paul Bulcke, devant ses actionnaires réunis dans un centre de convention sur le campus de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne.
Changement de directeur général
Le groupe, propriétaire de plus de 2000 marques, dont les dosettes de café Nespresso et bouillons Maggi, a vu ses ventes fléchir face à la vague d'inflation qui a poussé les consommateurs à réduire leurs dépenses. Il a dû abaisser ses prévisions de croissance à deux reprises, faisant chuter le cours de son action. Nestlé a également été éclaboussé par le scandale autour des systèmes de microfiltration interdits pour les eaux minérales.
Le groupe a donc décidé de changer de directeur général, confiant à Laurent Freixe la mission de redresser les ventes. Parmi les changements institués depuis son arrivée aux commandes début septembre, il a notamment regroupé les activités d'eau dans une entité séparée. «Je voudrais confirmer que notre engagement sur l'activité des eaux, notre soutien aux marques et aux équipes, est total», a insisté M. Freixe durant l'assemblée générale. L'objectif est de trouver un ou des partenaires pour «investir et développer» cette activité, a-t-il réaffirmé.