La cour d'appel de Paris a confirmé le procès de 16 hommes pour violences sexuelles lors de tournages pour la plateforme pornographique «French Bukkake», mais n'y a pas ajouté la circonstance aggravante de torture comme le demandaient des parties civiles, a appris mardi l'AFP de source judiciaire.
La chambre de l'instruction a également écarté la circonstance aggravante de racisme, également voulue par les parties civiles. Si ces circonstances avaient été retenues, les accusés auraient encouru une peine plus lourde et auraient été jugés aux assises.
«Une meute d'hommes cagoulés»
Pour ce premier grand procès du porno amateur, la chambre de l'instruction a donc décidé de confirmer le renvoi de 16 hommes devant la cour criminelle départementale – et a prononcé plusieurs non-lieux. Deux autres hommes seront jugés devant le tribunal correctionnel dans le cadre de cette affaire.
L'ordonnance de renvoi avait été rendue en août 2023. 36 parties civiles avaient fait appel, voulant une requalification à la hausse afin qu'une dizaine d'accusés soit jugés pour viols accompagnés d'acte de tortures, de sexisme et de racisme.
Au moment de cet appel, l'une de leurs avocates, Lorraine Questiaux, avait rappelé certaines scènes filmées, dénonçant une «volonté de porter atteinte à la dignité d'autrui». «Exemple parmi tant d'autres, sur une vidéo, on voit une meute d'hommes cagoulés qui pénètrent une femme à genou, les uns après les autres, et cela 88 fois en une heure», avait fustigé Me Questiaux, représentant plusieurs femmes et les associations Le Mouvement du Nid, les Effronté-es et Osez le Féminisme.
Les femmes consentantes?
Mardi, l'avocate s'est indignée de l'arrêt de la cour d'appel: «La justice n'est pas à la hauteur et ne protège pas le droit des victimes. Pour des raisons budgétaires, et parce qu'organiser un procès aux assises serait plus coûteux, tous les griefs qui étaient soulevés par rapport aux circonstances aggravantes ont été balayés.»
Onze mis en cause avaient aussi fait appel, parfois jusqu'à demander le non-lieu. La plupart affirmaient que les femmes étaient consentantes, assurant qu'il s'agissait d'un jeu d'acteurs, et accusé les enquêteurs de partialité dans l'exploitation des vidéos. Alors que plus d'une dizaine d'entre eux devaient comparaître pour trafic d'êtres humains en bande organisée, plusieurs acteurs ont obtenu un non-lieu pour ces chefs: quatre hommes devront finalement comparaître pour ces chefs.
Contactés par l'AFP, Mes Josselin Guillon et Marie-Alexandrine Bardinet, avocats d'un acteur, ont salué une décision qui «permet» à leur client «de mieux comprendre les faits pour lesquels il est renvoyé»: il sera jugé pour viols en réunion. «Nous avons désormais à cœur de démontrer, devant la cour criminelle, son innocence totale», ont-ils ajouté.