«Le PS n’est plus un partenaire»
Mélenchon dézingue les socialistes et met en garde contre la fin de l'union à gauche

La gauche française se déchire. Jean-Luc Mélenchon accuse le Parti socialiste de trahison après son refus de voter une motion de censure contre le gouvernement Bayrou. Olivier Faure réplique que Mélenchon n'est pas le chef du Nouveau Front populaire.
Publié: 14:24 heures
«Les socialistes continuent de dire qu'ils sont dans l'opposition. Personne n'y comprend rien», s'est désolé le chef de file de la France insoumise.
Photo: AFP

En France, le torchon brûle entre les chefs de file des principaux partis de gauche en cette fin de semaine. Par médias interposés, Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise (gauche radicale) et Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste ont exposé les tensions profondes qui traversent le Nouveau Front populaire depuis jeudi et l'échec de LFI à faire adopter une motion de censure contre le gouvernement du nouveau Premier ministre français François Bayrou.

Le texte avait été déposé par le parti contre le gouvernement minoritaire formé par le centriste, devenu il y a un mois le quatrième Premier ministre en France en un an. La motion a été votée par 131 députés, LFI, communistes et écologistes, mais pas par la plus grande partie des socialistes. Un résultat loin des 288 votes nécessaires pour censurer le gouvernement. Au PS, après de longues discussions, la décision de ne pas voter la censure a été prise jeudi par le bureau national du parti à l'issue de débats houleux, selon un de ses participants.

Le parti socialiste n'exclut pas pour autant de voter la prochaine censure lors du budget, et va rappeler ses «exigences» en la matière dans le cadre de ses négociations avec le gouvernement. Le Parti socialiste reste «dans l'opposition» mais est «ouvert aux compromis», a affirmé le patron du PS Olivier Faure.

«Nous sommes meurtris parce que nous nous sentons trahis»

«Le Parti socialiste n’est plus un partenaire», a finalement annoncé ce dimanche Jean-Luc Mélenchon dans une interview accordé au «Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI-Public Sénat». «C’est un allié, et encore, de circonstance», a ajouté le tribun insoumis qui détaille son agacement: «Nous sommes censés être partenaires. Le PS engage une discussion surprise avec le gouvernement et nous n'en sommes tenus informés d'aucune manière. Nous sommes meurtris parce que nous nous sentons trahis.» 

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L'ancien candidat à la présidentielle fustige la position du PS face au gouvernement qu'il juge opaque: «Les socialistes continuent de dire qu'ils sont dans l'opposition. Personne n'y comprend rien, ils ne votent pas les censures mais ils sont toujours dans l'opposition. S'ils votent le budget et qu'ils ne votent pas la censure du '49.3', on pourra dire: 'Ils ont rompu l'union'.»

«Jean-Luc Mélenchon n'est pas le chef»

De son côté, Olivier Faure a rappelé samedi que Jean-Luc Mélenchon n'étais «pas le chef du Nouveau Front populaire», dans un entretien à «La Dépêche». Appelant le chef de file insoumis à «argumenter plutôt qu'à invectiver et menacer», Olivier Faure observe que «si à chaque désaccord, il organise une purge comme il a déjà pu le faire dans son propre parti, il finira tout seul». «Le NFP ce n'est pas un parti unique, mais une coalition. Jean-Luc Mélenchon n'en est pas le chef», insiste le socialiste, qui remarque que les insoumis ont la «liberté» de prendre «des positions qui ne sont pas les nôtres». «La nôtre est de nous définir par nous-mêmes», ajoute-t-il.

Pour rappel, le Premier ministre François Bayrou a annoncé la remise en chantier de la réforme très contestée des retraites et l'abandon de 4000 suppressions de postes dans l'Education nationale pour tenter de rallier les socialistes. Jeudi, il a également fait d'ultimes concessions, confirmant l'abandon du projet d'allongement du délai de carence – de un à trois jours – pour les agents de la Fonction publique en cas d'arrêt maladie et le «maintien» du projet de taxe sur les hauts revenus.

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