Une censure du gouvernement de Michel Barnier semblait plus proche que jamais dimanche soir en France, le Rassemblement national (extrême droite) affirmant qu'il n'y avait désormais plus de discussions avec l'exécutif sur le budget de la sécurité sociale qui doit être soumis lundi aux députés. Dans un climat politique de plus en plus fébrile, le Premier ministre, soutenu par la droite traditionnel et le centre fidèle au président Emmanuel Macron, «reste ouvert au dialogue comme il l'est depuis le début», a fait savoir son entourage.
Marine Le Pen, la cheffe de file des députés RN, venait de faire monter la pression d'un cran supplémentaire à la veille de cette séance parlementaire décisive. «Le gouvernement a exprimé son souhait de ne pas modifier le PLFSS (projet de loi sur le financement de la sécurité sociale), c'est extrêmement clair et nous avons pris acte de cela», a indiqué Marine Le Pen à l'AFP.
Elle s'appuyait sur des déclarations du ministre des Comptes publics Laurent Saint-Martin au journal Le Parisien publiées samedi soir dans lesquelles il affirmait que le texte n'était plus susceptible de changements. Un «comportement extrêmement fermé et sectaire», a dénoncé Marine Le Pen, sans se prononcer explicitement sur la censure du gouvernement dont son parti menace Michel Barnier depuis plusieurs semaines.
Si la gauche et le RN unissent leurs voix, le gouvernement tombera
Premier groupe politique à l'Assemblée nationale, le RN peut faire tomber le gouvernement s'il soutient une motion de censure que la gauche prévoit de déposer si le Premier ministre use de l'article 49.3 de la Constitution. Le RN exigeait de nouvelles concessions du gouvernement, notamment sur la revalorisation des pensions de retraites.
Après avoir obtenu que le gouvernement abandonne la hausse des taxes sur l'électricité et fasse une concession sur un dispositif d'aide médicale aux sans-papiers, le RN souhaite aussi qu'il revienne sur le déremboursement de certains médicaments. L'exécutif peut cependant modifier le texte jusqu'au dernier moment, c'est-à-dire lundi après-midi. L'Assemblée se réunira à partir de 15h.
Si la gauche et le RN unissent leurs voix, le gouvernement tombera. Ce serait une première depuis la chute du gouvernement de Georges Pompidou en 1962. Le gouvernement est en quête de 60 milliards d'euros d'économies pour relever des finances publiques en berne et ramener le déficit à 5% du PIB en 2025, contre 6,1% en 2024.