La gauche amputée de la majorité du PS n'a pas réussi mercredi à faire adopter une motion de censure contre le gouvernement de François Bayrou, qui avait engagé sa responsabilité sur le budget de l'État lundi. Seuls 128 députés, dont 6 socialistes, ont approuvé la motion de censure déposée par des députés LFI, communistes et écologistes, loin des 289 voix nécessaires.
Le budget 2025 est ainsi adopté à l'Assemblée, et devrait l'être définitivement au Sénat jeudi. Les députés ont commencé dans la foulée l'examen d'une seconde motion de censure, déposée après un deuxième 49.3 de François Bayrou, sur la première partie du budget de la Sécurité sociale. Le Premier ministre a défendu une «étape d'urgence», promettant d'entreprendre «dès la semaine prochaine» un travail plus en profondeur pour analyser pour chaque département ministériel «si les missions qu'il doit conduire sont bien réalisées et si l'argent public qui leur est apporté est bien placé».
Le PS et le RN avaient annoncé avant la séance leur volonté de ne pas censurer cette fois-ci, au nom de la stabilité du pays et de la nécessité pour la Nation de se doter d'un budget. Dans son discours en défense de la motion, la présidente de la commission des Affaires économiques Aurélie Trouvé (LFI) a fustigé le «budget le plus austéritaire du XXIe siècle», avec «la plus forte baisse de dépenses que la France ait jamais connue depuis 25 ans». Dénonçant un «naufrage de la démocratie», elle a invité les oppositions à voter la censure, «seule façon» d'exprimer leur rejet du gouvernement.
Prenant la parole à sa suite, le député PS Emmanuel Grégoire a dû affronter les huées des bancs Insoumis. «J'entends une petite voix sur ma gauche qui me rappelle aux puretés de la vertu, comme disait Saint-Just. Je veux leur dire très amicalement que ce n'est ni dans l'outrance des mots, du verbe et des actes que se forge le chemin de la crédibilité et de la conviction. Et je le dis, le bruit et la fureur fragilisent les combats», a-t-il affirmé. Soulignant que le vote des socialistes «ne (valait) nullement adhésion» à la politique de M. Bayrou, il a réaffirmé qu'ils déposeraient à l'issue du débat budgétaire une motion de censure portant «sur l'ensemble de (sa) politique et en particulier sur les graves entorses au pacte républicain qu'elle incarne».
Le député RN Yoann Gillet s'est lui aussi montré très critique vis-à-vis d'un budget qui prévoit «d'augmenter la pression fiscale», sans s'attaquer en profondeur selon lui aux dépenses publiques. Estimant que «le salut ne viendra(it) pas d'une censure», il a appelé de ses voeux «la prochaine dissolution».