Le complice de Dominique Pelicot témoigne
«J'ai fait des actes ignobles. Je suis un criminel et un violeur»

Jean-Pierre M., jugé à Avignon, a reconnu avoir violé sa femme sous l'influence de Dominique Pelicot. Il a décrit une enfance traumatisante et a demandé une punition sévère pour ses actes qu'il a lui-même qualifié d'«ignobles».
Publié: 18.09.2024 à 16:17 heures
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Dernière mise à jour: 18.09.2024 à 17:21 heures
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AFP Agence France-Presse
«Ce que j'ai fait c'est horrible, je veux une punition dure», a déclaré Jean-Pierre M., complice de Dominique Pelicot.
Photo: IMAGO/PanoramiC

Comme le principal accusé Dominique Pelicot mardi, un coaccusé du procès des viols en série en France a admis mercredi être «un violeur» et réclamé une «punition dure», tout en dévoilant une enfance marquée par des violences sexuelles.

A la différence des 50 autres hommes jugés à Avignon (sud) devant la cour criminelle du Vaucluse depuis le 2 septembre, Jean-Pierre M., 63 ans, n'est pas poursuivi pour des viols sur l'ex-épouse du principal accusé Gisèle Pelicot mais sur sa propre épouse sur laquelle il avait calqué le même scénario élaboré par Dominique Pelicot, de huit ans son aîné.

«Je l'aime mon épouse. Je vais tout faire pour être bien. Je suis en prison et je le mérite. J'ai fait des actes ignobles. Je suis un criminel et un violeur», a clairement énoncé cet ex-employé d'une coopérative, ajoutant: «Ce que j'ai fait c'est horrible, je veux une punition dure.»

Rencontré sur un site

Cet homme est accusé d'avoir, entre 2015 et 2018, également drogué sa propre compagne avec un anxiolytique fourni par Dominique Pelicot, de l'avoir violée et fait violer par celui-ci à son domicile dans la Drôme, à une cinquantaine de kilomètres de Mazan, dans le sud de la France.

Au moins douze faits de viols, souvent filmés, ont été recensés par les enquêteurs sur la compagne de «Rasmus», «Pierre» ou «Kim» – ses pseudonymes sur internet –, dont dix auxquels avait participé Pelicot. Jean-Pierre M. avait rencontré ce dernier virtuellement sur le site Coco.fr en 2015 sur le salon «à son insu». L'accusé principal des viols de Mazan lui avait d'abord proposé de «violer» Gisèle «plusieurs fois». Mais «j'ai refusé», a-t-il affirmé.

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Jean-Pierre M. savait que Gisèle était droguée

A la question du président de la cour, Roger Arata, de savoir si Dominique Pelicot lui avait bien précisé que Gisèle serait «droguée et qu'il cherchait un homme pour son épouse endormie et sous médicaments», il a répondu par l'affirmative.

Sur sa proposition, il accepte cependant de reproduire ce protocole sur sa propre épouse. Mais celle-ci est de taille menue et, craignant pour sa santé, il n'ose pas lui donner la dose conseillée par l'agresseur présumé de Mazan. A plusieurs reprises, celle-ci se réveillera, empêchant l'accomplissement des actes sexuels, au grand dam de Dominique Pelicot qui repartira «énervé». Lors du dernier fait, elle s'est réveillée avant de courir derrière Dominique Pelicot. «Je demande à mon mari ce qu'il se passe. Il dit que c'est pour voir mes sous-vêtements et après il se prend dans ses mensonges», avait expliqué Cilia M., son épouse, qui n'a pas porté plainte pour «protéger leurs cinq enfants», devant la cour mercredi dernier.

«C'est inconcevable qu'il ait fait ça. C'était quelqu'un de merveilleux. Il nous a anéantis», avait-elle témoigné, précisant qu'elle ne lui «pardonnerait jamais». «Je n'aurais pas connu Pelicot, je ne serais jamais passé à l'acte. Il était rassurant et imposant. Il me rappelait mon père», a expliqué Jean-Pierre M., un homme dont les experts notent la difficulté «à faire valoir son point de vue et à faire preuve d'autorité».

Des traumatismes d'enfance

Il avait commencé à consulter assidument des sites pornographiques au début des années 2010, à la mort de son père, réveillant ses traumatismes d'enfance. «Je regardais surtout des actes que j'ai vus sur ma maman», a-t-il indiqué. «Ma jeunesse, c'est la honte, l'alcool, le sexe, beaucoup de silence», a-t-il dit, sans s'épancher avant d'être relancé par son avocat. «On a vécu des actes horribles de mon père. De la violence sexuelle. Mon père, je ne l'appelais jamais 'papa' mais 'le père'».

Il a détaillé les fois où, enfant, il avait dû pratiquer des fellations à son père en guise de «récompense» pour pouvoir l'accompagner pêcher avec sa soeur. «Ma soeur pleurait, je préférais que ce soit moi. Et j'avais plus l'habitude», a affirmé Jean-Pierre M., se demandant s'il n'avait pas été violé par leur propre chien, sur ordre du père, alors qu'il avait «sept-huit ans».

«Notre maman essayait de nous protéger mais elle buvait», a-t-il dit, précisant qu'il avait dû assister à des scènes de viols de son père sur cette dernière. Interrogé après ce témoignage, Dominique Pelicot a lui davantage regretté que les enfants de Jean-Pierre M. aient été présents au domicile au moment des faits plutôt que les viols sur Cilia M. dont l'état d'inconscience «n'a pas été un obstacle», selon lui.

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