Après plusieurs jours d'une fête accompagnée de drogues, le drame. L'humoriste Pierre Palmade est jugé mercredi à Melun pour le grave accident de la route qu'il a causé l'année dernière en Seine-et-Marne sous l'emprise de stupéfiants.
Le 10 février 2023 en fin de journée, sur une route du sud du département, Pierre Palmade conduit une voiture qui percute un véhicule venant en face. Outre le comédien d'alors 54 ans, l'accident fait trois blessés graves d'une même famille: un homme de 38 ans, son fils de six ans et sa belle-soeur de 27 ans, qui perd après la collision le bébé qu'elle attendait.
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A l'issue d'une grosse année d'information judiciaire dans ce dossier médiatisé, la juge d'instruction a renvoyé fin mai l'artiste devant le tribunal correctionnel de Melun du seul chef de blessures involontaires, aggravées par la prise de drogues. Elle n'a pas retenu la qualification d'homicide involontaire, que le parquet avait requise pour la perte du foetus en estimant que cette épineuse question à la confluence de la bioéthique et du droit méritait un «débat devant la juridiction de jugement».
Dans la foulée de l'accident, le bébé est extrait en urgence par césarienne du ventre de sa mère à six mois de grossesse, mais déclaré mort après 32 minutes de réanimation, sans avoir donné de signe de vie extra-utérine. Or, selon une jurisprudence constante de la Cour de cassation qui s'est prononcée sur des cas semblables d'accidents de la route, un enfant qui n'est pas né vivant n'existe pas en tant que personne légale.
«L'interprétation stricte de la loi pénale n'autorise pas à réprimer et donc à poursuivre des faits d'homicide involontaire dans le cas d'un enfant qui n'est pas né vivant, ce qui est le cas» dans l'affaire Palmade, a estimé la juge d'instruction dans son ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, consultée par l'AFP.
«Je suis obsédé par ça, par le bébé qui est mort»
En cette fin de journée de février, après avoir fait la fête pendant plusieurs jours, Pierre Palmade a une importante quantité de cocaïne et de 3MMC (une drogue de synthèse) dans le sang lorsqu'il prend le volant avec deux passagers pour faire des courses. Son heure de gloire derrière lui, lourdement endetté, l'humoriste est tellement englué dans sa toxicomanie qu'il n'arrive plus à travailler. Sur la départementale 372 au niveau de Villiers-en-Bière, la Peugeot 3008 de sa société de production se déporte sur la voie de circulation inverse et percute de plein fouet la Renault Mégane de la famille Y., qui arrive en sens inverse.
Plusieurs témoins racontent avoir vu la voiture de Pierre Palmade venir mordre sur le bas-côté, «à la façon d'une personne qui s'endort au volant», puis faire une brusque embardée dans l'autre sens pour se rétablir, ce qui l'aurait amenée sur la voie d'en face. Quel que soit le déroulé exact de l'accident, dont l'artiste dit ne pas avoir de souvenirs, «Pierre Palmade a commis une faute de conduite lorsqu'il a soudainement tourné le volant, amenant ainsi son véhicule à rouler à contre-sens», a conclu la juge d'instruction.
Les membres de la famille blessée subissent encore les conséquences physiques et psychologiques de l'accident. Lors de son premier interrogatoire devant la juge d'instruction, Pierre Palmade s'est dit «catastrophé» des conséquences de l'accident pour les victimes. «Je suis obsédé par ça, par le bébé qui est mort (...). Je suis dangereux à cause de la drogue, je suis un chic type, je suis quelqu'un de bien», avait déclaré l'artiste, qui a lui-même perdu son père dans un accident de la route à l'âge de 8 ans.
Pierre Palmade se trouve en état de récidive légale en raison d'une condamnation en 2019 pour usage de stupéfiants. Il encourt ainsi une peine de quatorze ans d'emprisonnement et 200'000 euros d'amende.