Une enquête pour meurtre a été ouverte après qu'un cycliste a été écrasé à Paris par une voiture à la suite d'un différend, illustration d'une cohabitation de plus en plus délicate dans la capitale entre mobilités douces et automobiles.
Les faits se sont déroulés mardi en fin d'après-midi, boulevard Malesherbes (8e arrondissement de Paris). Un cycliste prénommé Paul (selon l'association Paris en Selle qui l'a décrit sur X comme un «adhérent actif») âgé de 27 ans, est décédé sur la voie publique, «après un différend avec le conducteur d'un véhicule», a détaillé à l'AFP le parquet de Paris.
Le conducteur, âgé de 52 ans, a été interpellé sur place. Sa fille adolescente, née en 2007, se trouvait à bord du véhicule, un SUV selon plusieurs médias.
Les témoins de la scène ont «perçu une attitude volontaire du conducteur lors du mouvement de la voiture vers le cycliste», a-t-on précisé de même source. Une enquête pour meurtre a été confiée au 1er district de police judiciaire.
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Soutiens des associations de cyclistes
Environ 200 personnes se sont rassemblées mercredi soir place de la Madeleine pour rendre hommage à la victime. Des fleurs et bougies ont été déposées devant l'église de la Madeleine. La présidente de Paris en selle, Anne Monarché, très émue, a salué la mémoire de Paul, qui «se battait pour une ville apaisée, pour qu'on puisse faire du vélo en sécurité».
L'association, créée en 2015, est à l'origine de ce rassemblement. Deux autres associations, Mieux se déplacer à Bicyclette et le collectif Vélo Ile-de-France, se sont aussi jointes à l'appel. «Il n'est plus là pour défendre cette vision, mais nous, on est là pour continuer et je compte sur vous, je compte sur nous pour que cette violence motorisée disparaisse», a lancé Anne Monarché.
«Comme tout cycliste, c'est un peu un choc, on est souvent agressés à Paris par les automobilistes (…) et en arriver au point de rouler sur quelqu'un, on atteint un niveau d'indécence, qui dépasse un peu la réalité de la situation», a témoigné auprès de l'AFP Fanny Lebizay, commerciale. «C'est un véritable crime qui ressort probablement d'un discours ambiant, récurrent contre le vélo», abonde Denis Mirallier, ingénieur-paysagiste de 59 ans, habitant près d'Annecy. «Régulièrement, je prends le vélo ou le bus et j'entends que les vélos sont une gêne sur la route et que certains (automobilistes) disent: La prochaine fois que j'en vois un, je vais le shooter.»
L'accident a suscité de vives réactions de la part d'élus de la capitale, où les mobilités douces, en particulier les vélos, ont pris ces dernières années une place de plus en plus prépondérante. «C'est inacceptable de mourir aujourd'hui à Paris, à 27 ans, en faisant du vélo. Ces actes doivent être condamnés sévèrement», a déclaré à l'AFP la maire PS de la capitale Anne Hidalgo.
Élue maire en 2014, puis réélue en 2020, Anne Hidalgo a fait du développement de la circulation à vélo un des axes principaux de sa politique. «En dix ans, nous avons aménagé l'équivalent d'un Paris-Bordeaux», soit quelque 500 km de pistes cyclables, se félicitait avant l'été Mme Hidalgo.
À Paris intra-muros, le vélo a dépassé la voiture comme moyen de déplacement, se situant désormais derrière la marche et les transports en commun.
Mais ces aménagements sont loin de faire l'unanimité. «On découvre un matin qu'on a une piste cyclable en bas de chez soi », avait fustigé en 2020 l'opposante Rachida Dati, demandant plus de concertation avec les maires d'arrondissement.
226 cyclistes morts sur les routes de France l'année dernière
En incitant les Parisiens à prendre le vélo pour éviter la promiscuité du métro, la crise sanitaire du Covid-19 a aussi donné un coup d'accélérateur aux mobilités douces, créant des crispations. Des cyclistes sont régulièrement accusés de ne pas toujours respecter le code de la route.
Le sénateur communiste Ian Brossat insiste lui sur la nécessité de réguler davantage l'usage des SUV: «En milieu urbain, leur présence représente un danger pour les piétons, les cyclistes, et même pour les autres conducteurs.»
L'adjoint à la mairie de Paris chargé des Transports, David Belliard, a lui appelé sur BFMTV à «réduire encore, encore et encore la place de la voiture.
Mi-août, un chauffard roulant à contresens dans le centre de Paris avait percuté deux piétons, un cycliste et une personne à trottinette, après un refus d'obtempérer.
En 2023, 226 cyclistes sont morts sur les routes de France, dépassant pour la troisième année consécutive le seuil des 200 morts.