La dépression Kirk continuait à déverser des trombes d'eau sur le pays dans la nuit de mercredi à jeudi, traversant l'Ile-de-France en direction du nord-est avec la Seine-et-Marne en vigilance rouge. Le gouvernement a appelé à la «prudence». Un plaisancier est décédé au large de Sète et un autre est en urgence absolue en raison de la forte houle secouant l'Hérault qui a fait chavirer trois bateaux, a annoncé la préfecture de ce département.
Plus de 67'000 clients étaient privés d'électricité mercredi soir, principalement dans le Sud-Ouest, a annoncé Enedis, le gestionnaire du réseau de distribution. Un risque de crue «forte à exceptionnelle» sur la rivière Grand Morin, un sous-affluent de la Seine, a justifié le placement de la Seine-et-Marne en vigilance rouge, selon Vigicrues. «Des montées rapides et des débordements localisés pourraient être constatés dès mercredi soir», prévient le site gouvernemental spécialisé.
Pour jeudi, la Seine-et-Marne reste en vigilance rouge mais Météo France a aussi placé 25 départements en vigilance orange, dont 15 pour «pluie-inondation», cinq pour vent et sept pour crues. A l'issue d'une réunion de crise à Paris, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a mis en avant la mobilisation de «tous les services de l'Etat» et a appelé «chacun à la prudence». «Ces épisodes vont être appelés à se répéter. Nous sommes dans un moment où le dérèglement climatique se traduit concrètement dans nos vies quotidiennes», a-t-elle souligné devant des journalistes.
Un centre hospitalier touché
Selon le ministre délégué aux Transports François Durovray, les difficultés mercredi en fin de journée restaient «limitées», avec notamment «quelques avions déroutés». Sur le rail, il a évoqué la possibilité «d'arbres couchés» ou des «effondrements de talus» et des dispositions prises «pour qu'avant l'ouverture du service» jeudi, «toutes les vérifications soient faites et qu'évidemment la sécurité des usagers soit assurée». La SNCF a indiqué que plusieurs interruptions de circulation localisées étaient en cours à 19H00 afin de garantir la sécurité des voyageurs et du personnel, notamment en Nouvelle Aquitaine, dans les Pays de la Loire et en Rhône-Alpes.
Outre la Seine-et-Marne, où les transports scolaires seront suspendus jeudi, 29 départements sont placés mercredi en vigilance orange, dont 20 pour «pluie-inondation», huit pour «vent» et trois pour crues (Alpes-Maritimes, Meurthe-et-Moselle, Vendée), certains pouvant l'être pour deux vigilances, détaille le bulletin de Météo-France publié à 22H00. L'équivalent d'un mois de pluie était attendu en une journée sur un axe allant de la Vendée à la Champagne-Ardenne, au sud de la Picardie en passant par la région parisienne.
A Noirmoutier-en-l'île, en Vendée, le centre hospitalier a été touché par une inondation, qui n'a pas nécessité d'évacuation à ce stade, selon la préfecture. De nombreuses routes ont été et sont parfois toujours inondées dans de nombreux secteurs du département. Les pompiers ont réalisé 134 interventions depuis le début de la tempête et ont reçu plus de 536 appels. Les fortes précipitations ont par ailleurs provoqué une innondation de l'autoroute A11 en direction de Paris au niveau de la commune de Chartres (Eure-et-Loir), entraînant une coupure de cette voie, a indiqué Bison Futé.
Trafic ferroviaire perturbé
Dans les Pays de la Loire, les «fortes pluies ont entraîné des inondations sur les voies» entre Saint-Nazaire et le Croisic, Nantes et Pornic ainsi qu'entre Nantes et Saint-Gilles, interrompant par endroits le trafic ferroviaire. En Loire-Atlantique, 22 routes étaient coupées totalement ou partiellement selon le conseil départemental.
Par précaution, la SNCF avait programmé une interruption totale du trafic sur plusieurs axes mercredi, notamment entre Dax (Landes) et Tarbes (Hautes-Pyrénées), Bayonne et Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) ou encore Saintes et Royan (Charente-Maritime). En Nouvelle-Aquitaine, un fort coup de vent a été ressenti, notamment sur les sommets de l'ouest du massif pyrénéen: selon Météo France, des rafales à 211 km/h ont été enregistrées dans la nuit dans le secteur de la station de ski d'Iraty (Pyrénées-Atlantiques).
Le Portugal aussi touché, la Suisse relativement épargnée
«De telles rafales à Iraty, ce n'est pas habituel», explique à l'AFP Christophe Dedieu, président de l'association Météo Pyrénées, qui s'attend à «du grabuge très localement dans des secteurs très exposés» du piémont pyrénéen. Passée d'abord par la péninsule ibérique, Kirk a provoqué des dégâts au Portugal, avec notamment 300'000 personnes privées de courant.
La Suisse s'est elle retrouvée en marge, sur le flanc sud de la dépression. Des vents tempétueux ont néanmoins balayé le pays durant la nuit. Des rafales de 75km/h se sont produites sur le plateau et l'Arc lémanique. Elles ont atteint plus de 100km/h dans le Jura et une pointe à 133km/h a été mesurée au Chasseral, dans le Jura bernois, selon MétéoSuisse.
La tempête Kirk poursuit la tendance très humide de l'année sur la majeure partie de la France métropolitaine. Au terme du mois de septembre le plus pluvieux depuis 25 ans, les cumuls moyens annuels de précipitations ont déjà été dépassés un peu partout dans le pays.
Septembre a aussi été marqué à l'échelle mondiale par des «précipitations extrêmes», exacerbées par les températures anormalement chaudes de la planète depuis plus d'un an, conséquence du changement climatique, selon l'observatoire européen Copernicus.