Départ confirmé
Elisabeth Borne, la Première ministre que Macron a (politiquement) tuée

C'est fini pour Élisabeth Borne. La Première ministre française a remis sa démission à Emmanuel Macron, deux ans après sa nomination à la tête du gouvernement.
Publié: 08.01.2024 à 19:27 heures
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Dernière mise à jour: 09.01.2024 à 10:13 heures
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Le président français voulait que sa Première ministre devienne cheffe de la majorité. Cela n'a pas fonctionné.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Une lettre de démission est rarement une lettre d’amour. Selon les médias français, la lettre qu’Elisabeth Borne a adressée à Emmanuel Macron est carrément une lettre de rupture. «Vous m’avez signifié votre volonté de nommer un nouveau premier ministre…» écrit celle qui est désormais cheffe du gouvernement français en «affaires courantes». Sous entendu: vous me poussez vers la sortie. Fin de partie pour cette ingénieure de 62 ans, haut fonctionnaire connue pour avoir longtemps gravité au sein du parti socialiste et pour avoir été la collaboratrice de l’ex-candidate du PS à la présidentielle en 2007, Ségolène Royal.


Elisabeth Borne a été politiquement tuée par Emmanuel Macron. Faute d’une majorité absolue de députés à l’Assemblée nationale (il en manque toujours environ 40 pour faire voter les lois), l’ancienne ministre des Transports et de l’Ecologie s’est retrouvée face à un mur, devant lequel le Chef de l’État l’a laissé souvent seule.

Sur le réseau social X, Emmanuel Macron l’a, sitôt sa démission rendue publique, chaleureusement remercié «de tout cœur». Mais la réalité est bien différente. Le président de 46 ans n’est jamais parvenu à s’entendre avec cette bureaucrate bien éloignée de son profil «disruptif». Il l’a utilisée, en l’encourageant à utiliser 23 fois l’article 49.3 de la constitution qui permet de faire voter un texte de loi sans vote. C’est ainsi que la réforme controversée des retraites a été adoptée en mars 2023. Idem pour les budgets 2023 et 2024. Même chose pour le projet de loi sur l’immigration qui vient d’être adopté le 20 décembre, après un rejet initial.

Ténacité d’Elisabeth Borne

La force d’Elisabeth Borne aura été sa ténacité. La preuve? Elle semble s’être battue jusqu’au dernier moment pour conserver son poste. Sa faiblesse? Son absence de charisme et son incapacité à apparaître comme une femme de compromis. Cette technocrate socialiste a brutalisé l’Assemblée nationale, où elle a été souvent huée, voire insultée, notamment par le parti de gauche radicale «La France insoumise».

Autre particularité d’Elisabeth Borne: son refus de jouer le jeu de la communication politique dans lequel excelle celui qui pourrait lui succéder: l’actuel ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal, 34 ans, «chouchou» du président. Attal est le jeune roi des médias et de la parole. Il sait calibrer ses formules. Il joue de son physique. Il n’a jamais caché son homosexualité. Elisabeth Borne, elle, a forcé un éditeur à supprimer des passages sur sa famille, et sur son compagnonnage bizarre avec un homme que personne ne connaît. On dit qu’elle vivrait en réalité avec une femme. Elle ne l’a jamais confirmé.

Retour à la case départ

Fini, Elisabeth Borne. Et retour à la case départ pour Emmanuel Macron. Réélu à la fin avril 2022, le président français doit impérativement trouver des alliances à l’Assemblée nationale pour finir son second mandat qui s’achèvera en mai 2027. Il a promis de tenir jusqu’au bout. Il s’est jusque-là refusé à dissoudre l’Assemblée et à revenir devant les électeurs. Il a envisagé un référendum, puis reculé.

Alors, quelle recette? Une meilleure communication, même avec Gabriel Attal, ne suffira pas. Macron est libre de son choix. Il n’est plus ligoté par Élisabeth Borne. Mais il demeure le dos au mur. Face aux Français dont tous les sondages montrent qu’ils sont de plus en nombreux à envisager demain un pays gouverné par le Rassemblement national (extrême-droite).

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