Cinq suspects arrêtés
La France «endeuillée» après la mort d'un collégien tabassé

La France observe plusieurs cas de violences brutales à l'école. Après le passage à tabac d'une adolescente pour ne pas avoir porté le voile, un collégien de 15 ans a été tué à la sortie des cours. Le pays est en deuil.
Publié: 06.04.2024 à 08:56 heures
C'est dans ce collège que l'adolescent de 15 ans, s'est fait rouer de coups à la sortie des cours. Il est mort le lendemain.
Photo: AFP

«Un crime barbare». Le décès vendredi d'un adolescent de 15 ans passé à tabac la veille à la sortie de son collège en région parisienne suscite une vive émotion en France, quatre jours après un autre déferlement de violence contre une collégienne. La porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, a dénoncé «un crime barbare», face auquel, a-t-elle assuré sur X, «notre société ne pliera pas».

La ministre de l'Education, Nicole Belloubet, s'est elle rendue au collège concerné de Viry-Chatillon, banlieue populaire du sud de Paris. Elle a participé à une minute de silence. «La nation tout entière est endeuillée», a-t-elle écrit sur X, se disant «profondément bouleversée» par le drame.

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Cinq personnes arrêtées

Une enquête a été ouverte des «chefs d'assassinat et de violences en réunion aux abords d'un établissement scolaire». Dans le cadre de cette enquête, cinq personnes au total avaient été interpellées et placées en garde à vue vendredi soir: trois mineurs de 17 ans, une adolescente de 15 ans et un adulte de 20 ans, a annoncé le parquet.

Selon le parquet, la victime a été passée à tabac dans l'après-midi, à la sortie de l'établissement par «plusieurs individus». Hospitalisé jeudi et opéré dans la nuit, l'adolescent est décédé en début d'après-midi.

La victime n'avait pas de problème

Devant l'établissement scolaire, Les Sablons, situé dans un quartier réputé calme, les collégiens se sont pressés devant les grilles dans la matinée, pour exprimer leur tristesse et leur inquiétude. «Ils ne peuvent pas faire ça à un jeune de 15 ans», a déploré Omar*, qui se décrit comme un ami de la victime, Shamseddine, «un gars sans problème» et «souriant». Selon lui, la victime n'avait pas de problème de harcèlement scolaire.

Un ballon de foot à la main, Mathéo, 12 ans, se sent lui «stressé et triste». S'il décrit un collège «assez tranquille», il confie avoir «peur» que les agresseurs de Shamseddine ne «reviennent». «Choqué», Kamel, 40 ans, un ami de la famille de Shamseddine qui n'a pas souhaité donner son nom, ne comprend pas «pourquoi il s'est passé ça ici». «Je m'inquiète», confie pour sa part Katia Rodriguez, 47 ans, qui dépose son fils, en classe de 6e, tous les matins au collège.

Cagoulés pour frapper

Selon une source policière, trois jeunes portant des cagoules s'en sont pris à Shamseddine dans un hall d'immeuble. «De façon générale, nous avons en Essonne un phénomène très marqué de rixes entre bandes rivales», a souligné la préfète de ce département, Frédérique Camilleri, sur la chaîne BFMTV. Elle a précisé cependant ne pas pouvoir dire si l'agression relevait «d'un phénomène de rixe».

«Que peut-il y avoir comme motivation pour massacrer un gamin de 15 ans dans la rue?», s'est pour sa part interrogé le maire centriste de la ville, Jean-Marie Vilain. «On se demande comment on peut arriver à un tel degré de violence». Il a décrit la victime comme un «élève jovial, qui participait à la vie de l'établissement» et «apportait de la joie de vivre».

«Nous serons intraitables contre toute forme de violence», il «faut protéger l'école de ça», a pour sa part martelé le président Emmanuel Macron, en visite, avant l'annonce du décès du collégien, dans un établissement scolaire à Paris. «Une cellule psychologique et des moyens supplémentaires ont été déployés» dans l'établissement, a indiqué Nicole Belloubet.

Une ado de 13 ans agressée

Ce drame ajoute à l'émotion déjà suscitée par l'agression mardi d'une adolescente de 13 ans devant son collège à Montpellier, dans le sud de la France. Trois mineurs de 14 et 15 ans interpellés ont reconnu leur implication dans ces violences, qui, selon le parquet, auraient leur origine dans des «invectives» entre élèves sur les réseaux sociaux.

Ils ont été inculpés vendredi soir pour «tentative d'homicide volontaire» et placés sous contrôle judiciaire. Par ailleurs, cinq jeunes filles âgées de 11 à 15 ans, qui ont roué de coups une adolescente de 14 ans scolarisée dans le même établissement, et filmé l'agression mercredi à Tours, dans le centre de la France, ont été présentées à un juge vendredi. Les quatre plus âgées seront jugées «pour vol avec violences en réunion», la plus jeune devant être prise en charge sur le plan éducatif par un juge des enfants.

(AFP)

*nom modifié

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