Habiter dans une grande ville française quand on est encore étudiant, c'est compliqué. Ils sont de plus en plus nombreux à opter pour des villes plus petites et plus abordables, comme Camille, originaire de Marseille, qui a décidé de s'installer dans une ville moyenne, car elle peut s'y loger à moindre coût.
«A la fin du mois, j'ai de l'argent de côté»: lors de son inscription universitaire à Albi, Camille Billard. De ses fenêtres, cette étudiante boursière de 19 ans, en deuxième année de licence d'Histoire à l'Université Champollion, s'offre une vue directe sur les briquettes rouges du centre. «On voit presque la cathédrale!», se réjouit-elle.
27 m² pour 450 euros
Bien situé, dans une rue piétonne, le logement de Camille ne ressemble pas aux habituels studios des métropoles: table pour quatre, bureau, lit deux places, machine à laver, nombreux rangements et cuisine équipée... «Entièrement meublé, 27 m² pour 450 euros!», c'est une affaire et un confort «impossible dans une grande ville», souligne la jeune fille.
Travaillant le weekend afin de compléter sa bourse, Camille Billard vit en effet avec seulement 810 euros par mois. Mais, une fois décomptés le coût des courses, les factures diverses et les frais de sa voiture, elle parvient même à économiser.
Albi plutôt que Toulouse
«Beaucoup d'étudiants viennent ici pour le prix des loyers», confirme Anne-Sophie Frerot, directrice d'une agence immobilière à Albi, ville de 50'000 habitants. «En moyenne pour un studio meublé, c'est autour de 400 euros (...) 350 pour un non-meublé. Entre Toulouse et Albi, beaucoup préfèrent venir ici», poursuit-elle.
Adrien Ruiz ne contredira pas: à 18 ans, il avait le choix entre ces deux villes pour entamer son cursus en informatique. Originaire de Castres, à 40 km de la préfecture du Tarn, et lui aussi boursier, il ne vit qu'avec 500 euros par mois. Alors, après quelques recherches de logement, son choix est vite arrêté. «Je paie 280 euros, eau et électricité comprises. A Toulouse, le prix du loyer était de 500 euros par mois environ. Ça aurait pris l'ensemble de ma bourse», dit-il.
Au total, 51% des étudiants inscrits à l'Université Champollion (Albi) pour l'année 2023-2024 bénéficient de bourses sur critères sociaux, contre une moyenne de 41% à l'échelle nationale, précise Christelle Farenc, la directrice de l'établissement. En 2021-2022, 79% des étudiants diplômés de licence interrogés à la sortie de leur cursus, indiquaient en outre l'avoir choisi pour «les coûts d'université raisonnables», ajoute-t-elle.
Brest, Angers, Chambéry...
Albi n'est pas une exception: ces dix dernières années, la proportion des étudiants dans la population des villes moyennes françaises a largement augmenté.
Brest a ainsi gagné 43% d'étudiants, Angers 37%, Chambéry 36,6% d'après une enquête du magazine L'Étudiant sur l'année universitaire passée, qui parle d'une «revanche des villes moyennes».
Outre une vie moins chère, les jeunes y trouveraient aussi «les conditions d'enseignements correspondant mieux à leurs attentes», explique Florence Geret, directrice adjointe de l'université d'Albi.
Un équilibre entre la tranquillité et la ville
Ambre Chauvet, 19 ans, abonde dans le même sens. Cette étudiante en seconde année de Lettres, s'est orientée vers Albi, pourtant à 175 km de Limoux, sa ville natale dans l'Aude, plus proche de Toulouse.
«Je voulais une fac à taille humaine, plus petite», loin «du monde dans les rues» et des amphithéâtres toulousains qui «sont stressants», confie-t-elle.
Avis partagé par Louna Dando, également âgée 19 ans. «La fac de Toulouse et le monde me faisaient un peu peur», confie cette étudiante en Histoire venue de Fronton, à 30 km de la Ville rose. Pour cette boursière échelon six «presque au maximum», étudier à Albi lui permet d'avoir un logement pour 350 euros, tout en menant une vie d'étudiante en «équilibre parfait» entre la «tranquillité de la campagne et les activités citadines».
(AFP)