Le procureur précise certains éléments
Le petit Emile a subi «un traumatisme facial violent»

Le procureur d'Aix-en-Provence a tenu une conférence de presse jeudi afin d'«évoquer la situation de l'enquête dans le dossier concernant la disparition et la mort d'Emile Soleil». Les analyses montrent «des stigmates évocateurs d'un traumatisme facial violent».
Publié: 27.03.2025 à 11:58 heures
Le procureur d'Aix-en-Provence Jean-Luc Blachon (à droite) a tenu une conférence de presse ce jeudi. (Image d'archive)
Photo: AFP
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Etienne DamanJournaliste Blick

L'hypothèse de l'"intervention d'un tiers» se dessine dans la mort et la disparition du petit Emile, selon le procureur d'Aix-en-Provence qui n'écarte pas totalement la piste familiale même si ses grands-parents, son oncle et sa tante sont ressortis libres de garde à vue. Le procureur Jean-Luc Blachon a distillé certains éléments factuels pour sa deuxième prise de parole sur ce dossier, un an après la découverte fortuite par une promeneuse du crâne et des restes du garçonnet, âgé de deux ans et demi lors de sa disparition en juillet 2023.

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«Les vêtements et les ossements retrouvés ont été transportés et déposés peu de temps avant leur découverte. Les expertises permettent aussi d'affirmer que le corps de l'enfant ne s'est pas décomposé dans les vêtements retrouvés dans la forêt» et «de caractériser la présence sur le crâne découvert de stigmates anatomiques, évocateurs d'un traumatisme facial violent», a-t-il déclaré devant des dizaines de journalistes.

Remise en liberté des grands-parents

Les expertises introduisent donc «la probabilité d'intervention d'un tiers dans la disparition et la mort d'Emile Soleil». Sur la famille, «cette piste n'est pas ferméeg» et «les personnes qui ont été placées en garde à vue ont été remises en liberté» car «les charges n'étaient pas suffisantes pour conduire à une mise en examen quelconque dans ce dossier», a-t-il insisté.

La piste familiale avait effectivement semblé se dessiner depuis mardi matin, avec le rebondissement spectaculaire qu'a constitué l'interpellation à l'aube de Philippe et Anne Vedovini, parents de Marie, la mère d'Emile, ainsi que deux enfants majeurs du couple dans leur mas cossu de La Bouilladisse, entre Aix-en-Provence et Aubagne. Ils avaient été placés en garde à vue pour des motifs graves: «homicide volontaire» et «recel de cadavre».

Un séisme de plus dans cette famille discrète de fervents catholiques de 10 enfants au total, dominée par le patriarche rigoriste du clan, le grand-père, 59 ans. Après leur remise en liberté dans la nuit de mercredi à jeudi, après presque la totalité des 48 heures légales, les avocats des grands-parents ont fait part de leur soulagement. «Au bout de 17 heures d'audition aujourd'hui, la garde à vue est levée», a indiqué vers 05H00 du matin, Me Isabelle Colombani, avocate du grand-père, devant la presse. «Il y avait peut-être des zones d'ombre à lever, mais voilà...», a-t-elle ajouté en souriant.

Une enquête aux dimensions impressionnantes

Selon Me Julien Pinelli, la grand-mère Anne Vedovini «a tenu à participer à ce qui pourrait naturellement s'apparenter à une épreuve, mais elle a tenu à le faire dans la mesure où elle estimait que c'était sa contribution». Plus tard sur BFMTV, il a dit «espérer» que «la piste intra-familiale soit écartée». Mais elle ne l'est pas complètement. Le procureur avait indiqué mardi matin que ces auditions devaient permettre de vérifier et confronter «des éléments et informations recueillis lors des investigations réalisées ces derniers mois».

Et les chiffres sont impressionnants: les enquêteurs de la Section de recherches de Marseille ont depuis presque 21 mois épluché 3141 signalements, procédé à 287 auditions, analysé 27 véhicules, ratissé 285 hectares. Sans parler des 50 perquisitions et millions de données de communication à analyser, a détaillé le colonel Christophe Berthelin lors du point presse de jeudi.

Corps introuvable durant neuf mois

Emile a disparu le 8 juillet 2023, alors qu'il venait d'arriver chez ses grands-parents, dans leur résidence secondaire du hameau du Haut-Vernet, perché à 1200 mètres d'altitude dans les Alpes-de-Haute-Provence. Malgré plusieurs jours de battues citoyennes et de ratissages judiciaires, aucune trace de l'enfant n'avait été retrouvée dans cette zone escarpée et isolée.

Pendant neuf mois, l'enquête n'avait rien donné de concret, jusqu'à la découverte fortuite, fin mars 2024 par une promeneuse, du crâne et de dents de l'enfant, à environ 1,7 km du hameau, à 25 minutes de marche pour un adulte. Des vêtements et un petit bout d'os avaient également été retrouvés dans la même zone.

Début février, les obsèques du garçonnet s'étaient tenues en la basilique de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var), parents et grands-parents d'Emile affichant une certaine distance. Le soir même, les grands-parents publiaient un communiqué estimant que «le temps du silence doit laisser place à celui de la vérité».

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