7 janvier 2015 - 7 janvier 2025
Dix ans après les attentats, «Charlie Hebdo» a toujours «envie de rire»

Il y a 10 ans jour pour jour, le journal satyrique français «Charlie Hebdo» voyait sa rédaction décimée lors d'un attentat jihadiste qui allait faire un total de douze victimes. Ce mardi, l'hebdomadaire sort un numéro spécial et jure avoir toujours «envie de rire».
Publié: 07.01.2025 à 04:03 heures
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Dernière mise à jour: 07.01.2025 à 07:50 heures
10 ans jour pour jour après l'attaque qui a décimé une partie de sa rédaction, l'hebdomadaire satyrique français «Charlie Hebdo» sort un numéro spécial de 32 pages.
Photo: keystone-sda.ch
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AFP Agence France-Presse

«L'envie de rire ne disparaîtra jamais !», assure «Charlie Hebdo», 10 ans après l'attentat jihadiste qui a décimé une partie de sa rédaction, dans un numéro spécial s'attachant notamment à «rire de Dieu», alors que des commémorations sont prévues mardi. Dans ce numéro spécial, le journal satirique se dit «increvable!», avec, en dessin de Une, un lecteur assis sur un fusil d'assaut, lisant, ravi, ce Charlie «historique» de 32 pages.

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A ses côtés en kiosque, plusieurs quotidiens consacrent leur Une au dixième anniversaire de l'attaque: «Liberté, Liberté Charlie !» titre ainsi Libération, alors que le Figaro s'inquiète de voir la France «toujours sous la menace islamiste» dix ans après. «La menace terroriste n'a jamais été aussi présente», affirme le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau en première page du Parisien, tandis que l'ombre d'un crayon et d'une gomme trouée par une balle dessine un «10» en Une de La Croix.

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Dans l'édito de ce numéro spécial de «Charlie Hebdo», son directeur Riss affirme que «la satire possède une vertu qui nous a aidés à traverser ces années tragiques: l'optimisme. Si on a envie de rire, c'est qu'on a envie de vivre. Le rire, l'ironie, la caricature sont des manifestations d'optimisme. Quoi qu'il arrive de dramatique ou d'heureux, l'envie de rire ne disparaîtra jamais». Il revient sur les 10 dernières années marquées, selon lui, par une «situation géopolitique» qui s'est «aggravée».

Une rédaction décimée il y a 10 ans jour pour jour

«Aujourd'hui, les valeurs de «Charlie Hebdo», comme l'humour, la satire, la liberté d'expression, l'écologie, la laïcité, le féminisme pour ne citer que celles-ci, n'ont jamais été autant remises en cause». «Peut-être parce que c'est la démocratie elle-même qui se trouve menacée par des forces obscurantistes renouvelées», explique-t-il. Le 7 janvier 2015, 12 personnes ont été tuées dans l'attaque de l'hebdomadaire par les frères Kouachi, Français qui avaient prêté allégeance à Al-Qaïda.

Parmi elles, huit membres de la rédaction: les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, la psychanalyste Elsa Cayat, l'économiste Bernard Maris et le correcteur Mustapha Ourrad. Charlie était la cible de menaces jihadistes depuis la publication de caricatures du prophète Mahomet en 2006.

Un homme prend une photo des portraits (de gauche à droite) du rédacteur en chef adjoint de l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo, Bernard Maris, des dessinateurs français Georges Wolinski, Bernard Verlhac (alias Tignous), du rédacteur en chef de Charlie Hebdo Stéphane Charbonnier (alias Charb) et de Jean Cabut (alias Cabu), près des bureaux du magazine, rue Nicolas Appert, à Paris, le 7 janvier 2018. Tous les hommes représentés ont été assassinés le 7 janvier 2015.
Photo: AFP

Le journal, dont la ligne anticléricale n'a jamais varié, a lancé fin 2024 un concours international auprès de dessinateurs de presse sur le thème #RiredeDieu, invitant à «dessine(r) votre colère contre l'emprise de toutes les religions sur vos libertés». Parmi 350 dessins reçus, près de 40, «les plus efficaces et les plus aboutis», sont publiés dans le numéro-anniversaire.

Une émotion mondiale

Parmi eux, l'un représente un Christ en croix se filmant avec un téléphone. Un autre montre une mère et son enfant dans un paysage de ruines se disant qu'«un dieu ça va, trois bonjour les dégâts», un dessinateur se demande si dessiner «un type qui dessine un type qui dessine Mahomet, ça va?».

Le journal publie également les résultats d'une étude de l'Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès réalisée en juin 2024 indiquant que 76% des Français estiment que «la liberté d'expression est un droit fondamental» et que «la liberté de caricature en fait partie». 62% des sondés se disent favorables au «droit de critiquer de manière outrageante une croyance, un symbole ou un dogme religieux».

Un homme déposant une bougie devant la rédaction de «Charlie Hebdo», rue Nicolas Appert à Paris, le 8 janvier 2015.
Photo: AFP

Ce sondage a été réalisé par questionnaire autoadministré en ligne du 31 mai au 1er juin auprès d'un échantillon de 1000 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus. Les attentats du 7 janvier 2015 avaient provoqué une émotion mondiale et donné naissance à un slogan de soutien: «Je suis Charlie».

Quatre millions de personnes à travers la France

Le 11 janvier, des manifestations avaient réuni près de quatre millions de personnes à travers la France, avec de nombreux chefs d'Etat et de gouvernement dans le cortège parisien. Lundi, Emmanuel Macron a appelé à poursuivre sans «répit» la lutte contre le terrorisme. Il a souligné que le risque «demeure prégnant dans nos sociétés», ce qui «implique qu'il n'y ait aucun relâchement et une vigilance collective».

Le 11 janvier, des manifestations avaient réuni près de quatre millions de personnes à travers la France.
Photo: AFP

Les commémorations se feront mardi en présence du Président, de plusieurs ministres et de la maire de Paris. Elles débuteront à 11h30 dans le XIe arrondissement, où «Charlie Hebdo» avait ses locaux en 2015, elles se poursuivront boulevard Richard Lenoir, où le policier Ahmed Merabet a été abattu. Elles s'achèveront à 13h10 par un hommage aux victimes du magasin Hyper Cacher porte de Vincennes, à Paris: quatre personnes de confession juive y ont été tuées le 9 janvier. 

Le magazin hypercacher porte de Vincennes, le 6 janvier 2025, 10 ans après l'attaque qui avait vu 4 personnes de confessions juives être tuées.
Photo: AFP
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