La centrale thermique de Milas a été épargnée par les flammes grâce à deux avions bombardiers d'eau envoyés par l'Espagne et des hélicoptères, qui ont déversé de l'eau de mer sur les sommets boisés et zones résidentielles proches.
Une équipe de l'AFP à Milas a vu des ouvriers forestiers creuser des tranchées autour de la centrale menacée pour la protéger des flammes. La plupart des incendies ont pu être éteints à Milas et seules des fumées blanches s'élevaient derrière les collines à proximité de la centrale mercredi après-midi.
«Les forces de sécurité nous ont demandé d'évacuer le village, mais nous sommes restés», a raconté à l'AFP un électricien de la région, se présentant sous le nom d'Ersoy. «Je n'ai pas pensé à m'enfuir. Sinon, il n'y aurait personne pour éteindre ou contenir l'incendie», a-t-il affirmé.
Le maire de Milas, élu du principal parti d'opposition, a déclaré que les réservoirs d'hydrogène utilisés pour refroidir la centrale avaient été vidés et remplis d'eau par mesure de précaution. «Je vais pleurer de rage», avait tweeté mardi le maire, Muhammet Tokat, qui avait demandé lors de ses nombreuses interventions télévisées qu'un avion bombardier soit dirigé vers Milas, en vain.
Plus de 170 feux
Plus de 170 feux ont ravagé des forêts et des terres agricoles, ainsi que des zones habitées sur les côtes méditerranéennes et égéennes turques depuis mercredi dernier, faisant huit morts.
Les incendies ont aussi gravement touché les sites touristiques qui avaient récemment pu reprendre leurs activités après des mois de restrictions liées à la pandémie de coronavirus. Selon le service de surveillance par satellite de l'Union européenne, la «puissance radiative» des incendies en Turquie a atteint une intensité «sans précédente» depuis 2003.
Le gouvernement turc est la cible de critiques à cause de sa gestion de la crise et du manque de bombardiers d'eau. L'opposition a reproché au président Recep Tayyip Erdogan d'avoir échoué à maintenir sa flotte de bombardiers d'eau et d'avoir mis du temps à accepter l'aide internationale.
Le chef de l'Etat turc a aussi suscité la colère de nombreux Turcs sur les réseaux sociaux pour avoir jeté des sachets de thé à des habitants confus alors qu'il visitait la ville de Marmaris, touchée par les incendies, avec une forte escorte policière le week-end dernier. Face à la montée des critiques, M. Erdogan a décidé de donner une interview sur une chaîne nationale mercredi soir.
Accusations
Lors des premiers jours des incendies, des chroniqueurs sur les médias pro-gouvernementaux avaient accusé le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation considérée comme terroriste par la Turquie et ses alliés occidentaux, d'être derrière les incendies. Mais les autorités citent désormais la vague de chaleur extrême qui continue de frapper le sud de la Turquie.
Selon des experts, le changement climatique dans des pays comme la Turquie augmente la fréquence et l'intensité des incendies de forêt. Le ministre turc de l'Agriculture, Bekir Pakdemirli, a déclaré que les températures dans la ville égéenne de Marmaris ont atteint un record historique de 45,5 degrés cette semaine.
«Nous menons une guerre très grave», a déclaré le ministre aux journalistes. «Nous devons garder notre moral et notre motivation. J'exhorte tout le monde à être patient», a-t-il ajouté.
(ATS)