Selon les derniers chiffres officiels, quelque 552 petits de moins de 10 ans sont actuellement hospitalisés en France avec un diagnostic Covid-19, un record depuis le début de l’épidémie. Parmi eux, 91 se trouvent en soins critiques. Par comparaison il y a trois mois, seuls 6 enfants étaient comptabilisés en réanimation.
Par rapport aux précédentes vagues, il y a «une augmentation des admissions à l’hôpital qui est beaucoup plus marquée sur les tranches d’âge des 0-10 ans», pointait la semaine dernière l’épidémiologiste Vittoria Colizza. Deux raisons à cela: la contagiosité du variant Omicron, qui conduit à «une explosion du nombre de cas en population générale», et une couverture vaccinale chez les petits qui reste à ce jour «très, très, très faible». Selon les derniers chiffres officiels, seuls 3% des 5-11 ans sont à ce jour vaccinés.
Si la hausse semble impressionnante, le nombre d’enfants concernés par les hospitalisations demeure relativement faible. «On est sur de tout petits chiffres, donc la moindre variation fait exploser les statistiques», résume le Pr Yves Gillet, responsable des urgences pédiatriques à l’hôpital Femme-Mère-Enfant (HFME) de Bron, près de Lyon.
Comme chez les adultes, les hospitalisations en soins conventionnels et en soins critiques augmentent chez les 0-17 ans depuis début décembre 2021. Et cette hausse touche principalement les nourrissons de moins d’un an, précise l’Agence Santé publique France.
Très peu d’hospitalisations
En Ile-de-France, 190 enfants sont actuellement hospitalisés. Sollicitée, l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, n’avait pas répondu mercredi à l’AFP. A Marseille, 14 enfants étaient hospitalisés lundi à la Timone «pour ou avec Covid». «La hausse est sensible depuis la rentrée de janvier», indique à l’AFP Fabrice Michel, le chef de service d’anesthésie et de réanimation pédiatrique de l’hôpital marseillais. «Mais on parle de très, très peu de cas au total».
«Deux à quatre enfants sont hospitalisés chaque jour en ce moment en soins critiques. En général, on ne les garde que quelques jours, détaille-t-il. Comme pour l’adulte, ils sont là pour des problèmes respiratoires mais qui nous inquiètent moins que lorsqu’il s’agit d’une bronchiolite ou d’une grippe», ajoute-t-il. Surtout, difficile de faire la part des choses entre les hospitalisations liées à Omicron ou à d’autres infections.
Les autorités sanitaires soulignent ainsi que l’identification de cas «co-infectés» avec le virus respiratoire syncytial (responsable de la bronchiolite) et le Covid-19 «peut rendre difficile l’imputabilité de la sévérité à l’un ou l’autre des virus». Ce d’autant plus que la bronchiolite du jeune nourrisson est source habituelle d’hospitalisation en soins critiques.
Trop tôt pour des conclusions
Le CHU de Beauvais notait aussi une «faible hausse d’enfants hospitalisés et positifs au Covid» par rapport aux vagues précédentes, avec un à deux enfants présents en pédiatrie chaque jour en moyenne. Ils sont «hospitalisés pour une courte durée, pour de petits symptômes respiratoires, sans gravité», explique le CHU, sachant qu’il n’est pas clair si ces symptômes sont toujours totalement à relier au Covid.
Reste à juger de la sévérité des cas. Selon Santé publique France, «l’analyse qualitative des cas pédiatriques n’est pas en faveur d’une gravité accrue de la Covid-19 chez les enfants, à ce jour».
La surveillance spécifique des cas de Pims, un syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique potentiellement grave lié au Covid, montre bien «une ascension» depuis début décembre, relève l’agence de santé. Mais comme les symptômes se déclarent environ un mois après avoir attrapé le Covid-19, les cas observés actuellement sont «essentiellement secondaires à des infections avec le variant Delta».
Et il est «encore trop tôt pour anticiper quel sera l’impact du variant Omicron», estime Santé publique France.
(AFP)