Ex-dirigeant du Kremlin
Avec la guerre en Ukraine, le rêve de Gorbatchev s'effondre

L'ancien dirigeant du Kremlin Mikhaïl Gorbatchev s'est autrefois battu pour mettre fin à la Guerre froide. Il vit aujourd'hui en retrait, à 91 ans, et observe de loin, avec un oeil critique, le conflit déclenché par Vladimir Poutine en Ukraine, le pays de sa mère.
Publié: 02.08.2022 à 16:42 heures
Le père de Mikhaïl Gorbatchev était Russe et sa mère Ukrainienne.
Photo: imago/imagebroker
Sven Ziegler

Depuis des années, Mikhaïl Gorbatchev vit reclus. L’ancien homme politique de premier plan et dernier dirigeant de l’Union soviétique est gravement malade. À 91 ans, il observe à présent la Russie mener une guerre contre l’Ukraine.

«Je parle souvent avec Mikhaïl. Il condamne fermement la guerre de la Russie contre l’Ukraine depuis le début», déclare à Blick le producteur de télévision hongrois János Zolcer, l’un des amis les plus proches de Gorbatchev.

«Pour lui, il s’agit d’une guerre entre frères. Son père était russe et sa mère ukrainienne. A côté de lui, il y a des milliers d’autres personnes avec une constellation familiale similaire. Si cela ne tenait qu’à lui, la guerre s’arrêterait immédiatement», explique János Zolcer.

Le deuil de la paix

Au cours des dernières années, Gorbatchev aurait tenté à plusieurs reprises de joindre par téléphone l’actuel président Vladimir Poutine: «Mais ce dernier ne l’a jamais rappelé. Il n’a même pas décroché le téléphone. Ils se rencontraient une fois par an, sinon il n’y avait aucun contact.»

Mikhaïl Gorbatchev est triste que la Russie ait décidé de faire la guerre, dit János Zolcer. «Il a lui-même travaillé pendant sept ans pour mettre fin à la Guerre froide et construire une relation commune. Mais avec les combats actuels, tout cela est détruit.»

Ostracisé dans son propre pays

Pourtant, dans son pays, Gorbatchev est ostracisé par beaucoup. De nombreux Russes lui attribuent la responsabilité de l’effondrement de l’Union soviétique il y a 30 ans. «Dans la propagande russe, Mikhaïl est toujours présenté comme le destructeur de l’Union soviétique. C’est désormais à Poutine de la reconstruire. Si l’Union soviétique était rétablie, plus personne ne s’attaquerait à cette grande puissance», raconte János Zolcer.

Le fait d’être présenté comme un ennemi n’a pas toujours été facile. Mais entre-temps, il s’est résigné et vit en retrait. «Il ne va pas bien, il est à l’hôpital depuis des mois, raconte le cinéaste à propos de son ami. Il est désespéré. Cela fait dix ans qu’il n’a pas quitté Moscou et ses relations avec sa famille ne sont pas bonnes.» Ces derniers temps, il aurait souligné à plusieurs reprises qu’il était impatient de revoir son épouse Raïssa, décédée il y a 20 ans.

(Adaptation par Nora Foti)


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