La Suisse met la main au portefeuille pour se faire entendre aux Etats-Unis. Le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) va consacrer jusqu'à un demi-million de francs pour son lobbying à Washington. Le montant peut être consulté depuis vendredi sur la plateforme d'achat Simap. Interrogé à ce sujet, le Seco écrit que les 500'000 francs budgétés sont une sorte de «prix plafond» et que ce budget disponible ne doit pas forcément être écoulé.
Le mandat de lobbying est confié au cabinet d'avocats américain Akin Gump Strauss Hauer & Feld, l'un des plus puissants aux Etats-Unis. Ce mandat donné par la Suisse avait déjà été révélé par les journaux Tamedia en début de semaine, mais son prix restait inconnu. A présent, il est clair que la Suisse est prête à investir massivement dans le lobbying et que ce mandat marque un net réarmement diplomatique pour la Confédération.
Lutte pour l'intelligence artificielle
Le contrat avec Akin Gump peut être consulté publiquement, car la loi américaine impose la transparence dans les activités de lobbying pour les acteurs étrangers. Le contrat stipule que le cabinet doit fournir des informations sur les fonctionnaires au sein de l'administration Trump, ainsi que sur les collaborateurs et les membres du Congrès américain. Le cas échéant, des rencontres avec des représentants du gouvernement suisse doivent aussi être organisées.
L'accès aux puces d'intelligence artificielle (IA) est au cœur du mandat de lobbying. Le gouvernement américain a annoncé en janvier de nouvelles règles d'exportation visant à limiter le commerce des technologies de pointe. Désormais, seuls les pays considérés comme des «alliés de confiance» seront autorisés à accéder sans restriction aux puces IA. La Suisse n'en fait pas partie et le cabinet de lobbying américain doit y remédier d'urgence. En effet, il ne reste pas beaucoup de temps car le 15 mai, les restrictions d'exportation de puces entreront définitivement en vigueur.
Droits de douane en ligne de mire
Si le Seco le souhaite, le cabinet de lobbying peut également soutenir la Suisse dans «d'autres affaires», par exemple les droits de douane punitifs imposés par Trump ou d'autres «problèmes liés au commerce», comme le stipule le contrat.
Officiellement, le Seco souligne que le mandat confié au cabinet se limite actuellement à la question des puces électroniques. Des personnes impliquées racontent toutefois à Blick que la Suisse veut «saisir toutes les opportunités». Il n'est donc pas exclu que le cabinet participe à de futures offensives de lobbying contre les droits de douane.