Scandale à la Edward Snowden
Des journalistes et politiciens espionnés par un logiciel israélien

Les agences de renseignement du monde entier ont secrètement espionné des hommes politiques, des avocats et des journalistes à l'aide du logiciel Pegasus.
Publié: 19.07.2021 à 09:21 heures
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Dernière mise à jour: 19.07.2021 à 11:57 heures
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Avec l'aide du programme Pegasus, des milliers de personnes dans le monde ont été surveillées.
Photo: imago images/Panthermedia

Il s'installe discrètement, à distance, en secret. Le logiciel Pegasus, de l'entreprise israélienne ONS, est une véritable merveille et est considéré par la communauté des renseignements comme le must en terme d'espionnage numérique.

Et c'est tout à fait justifié: Pegasus permet d'écouter les conversations téléphoniques, d'activer la caméra, de déterminer la localisation et même de lire les messages à l'insu du propriétaire du téléphone. Jusqu'à présent, personne ne connaissait l'ampleur de son utilisation.

Un consortium international de journalistes vient de dévoiler que celle-ci est massive et accusent frontalement le fournisseur israélien du logiciel de surveillance. Les journalistes ont collaboré avec les organisations Forbidden Stories et Amnesty International, ainsi qu'avec des experts en informatique, pour passer au crible une liste de 50'000 numéros de téléphone, qui auraient été sélectionnés par les clients de l'ONS comme cibles potentielles d'espionnage.

La firme israélienne ONS dément avec véhémence ces accusations. ONS Group ne vendrait le programme qu'aux agences gouvernementales et dans le but de lutter contre le terrorisme et la grande criminalité.

Nombre de chefs d'État figurent également sur la liste

Selon les révélations du consortium, les numéros de téléphone figurant sur la liste sont ceux de nombreux journalistes dans le monde entier, des employés des agences de presse AFP, Reuters et AP, des journaux «New York Times», «Le Monde», «El País» et des diffuseurs Al-Jazeera, Radio Free Europe et CNN. Au total, plus de 180 numéros de journalistes ont pu être analysés.

Comme le rapporte le «Washington Post», la liste comprend également les numéros de chefs d'État et de premiers ministres, de membres de familles royales arabes, de diplomates et d'hommes d'affaires. La fuite n'a pas permis de savoir clairement qui avait commandité ces éventuels espionnages.

Parmi les victimes de l'espionnage figurent deux femmes qui étaient proches de Jamal Khashoggi, assassiné en 2018 dans le consulat saoudien à Istanbul, notamment la fiancée du journaliste saoudien Hatice Cengiz. Son téléphone portable a été hacké avec le logiciel malveillant Pegasus quatre jours après le meurtre de Khashoggi. ONS Group a déclaré que la technologie de l'entreprise n'était «en aucun cas» liée au meurtre du journaliste.

Le journaliste a été brutalement assassiné dans le consulat saoudien d'Istanbul en 2018. Son corps n'a jamais été retrouvé. Un commando spécial de Riyad l'aurait tué. Apparemment au nom de la famille royale saoudienne. Avant sa mort, M. Khashoggi vivait en exil aux États-Unis, où il écrivait des chroniques pour le «Washington Post».

ONS voulait mettre les téléphones portables sur écoute via Whatsapp

ONS avait déjà été accusée par le passé d'aider les gouvernements totalitaires à espionner les journalistes et les dissidents avec son logiciel Pegasus. Facebook lui avait intenté un procès aux États-Unis en 2019, l'accusant d'avoir tenté d'accéder à des centaines de smartphones par le biais d'une faille de sécurité de WhatsApp qui a été fermée par la suite. Parmi les personnes visées figurent des journalistes, des avocats, des dissidents, des militants des droits de l'homme, des diplomates et des fonctionnaires.

Des accusations de diffamation à l'étude

La société israélienne a parlé dimanche de «fausses allégations et de déclarations trompeuses». Elle a déclaré que les sources de journalistes leur avaient fourni des informations qui n'avaient aucune base factuelle. «Les allégations sont tellement scandaleuses et éloignées de la réalité qu'ONS envisage un procès en diffamation.»

Le groupe a déclaré que sa technologie était «vendue exclusivement aux organismes chargés de l'application de la loi et aux services de renseignement de gouvernements contrôlés dans le seul but de sauver des vies en prévenant la criminalité et les actes de terrorisme». (jmh/SDA/AFP)

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