A l'heure prévue, 09h22 (03h22 en Suisse), la fusée Longue-Marche 2F a quitté son pas de tir de Jiuquan, dans le désert de Gobi. Elle s'est positionnée en orbite dix minutes plus tard. Le vaisseau Shenzhou-12, dans lequel sont montés les trois astronautes, doit s'arrimer à l'unique module de la station déjà dans l'espace. L'arrimage pourrait avoir lieu six heures après le tir, selon la télévision nationale chinoise CCTV.
CCTV a diffusé des images des astronautes, tout sourire, en train de soulever leur visière après leur arrivée en orbite, alors qu'un crayon flottait en apesanteur. «Les panneaux solaires se sont déployés normalement et nous pouvons déclarer que ce lancement est réussi», a annoncé le directeur du centre de lancement.
Une question de prestige pour Pékin
Il s'agit du premier vol habité pour la Chine depuis près de cinq ans et d'un record de durée dans l'espace en perspective pour le géant asiatique: les trois astronautes vont rester trois mois en orbite. Dans un contexte de tension avec l'Occident, la réussite de la mission est une question de prestige pour Pékin, qui s'apprête à célébrer le 1er juillet le centenaire du parti communiste chinois (PCC).
Centre de contrôle et lieu de vie des astronautes, le module Tianhe a été placé à la fin avril en orbite terrestre basse, entre 350-390 km d'altitude. A son bord, les astronautes ne chômeront pas: maintenance, installation de matériels, sorties dans l'espace, préparation des missions de construction à venir et des séjours des futurs équipages. Ils auront cependant le choix entre 120 aliments à l'heure des repas et pourront s'entraîner sur un tapis roulant pour garder la forme.
Une station semblable à Mir
Appelée Tiangong ("palais céleste"), la station spatiale chinoise, une fois terminée, sera semblable en taille à l'ex-station soviétique Mir (1986-2001). Sa durée de vie sera d'au moins 10 ans. En plus de Tianhe déjà en place, les deux modules restants devraient être envoyés dans l'espace en 2022. Ils permettront de mener des expériences en matière de biotechnologie, médecine, astronomie ou encore technologies spatiales.
La mission Shenzhou-12 constitue le troisième lancement sur les 11 qui seront nécessaires à la construction de la station entre 2021 et 2022. Quatre missions habitées sont prévues au total.
La Chine s'est résolue à construire sa propre station dans l'espace après le refus des Etats-Unis de la laisser participer à la station spatiale internationale (ISS). Cette dernière, qui réunit les Etats-Unis, la Russie, le Canada, l'Europe, dont la Suisse, et le Japon, doit prendre sa retraite en 2024. La NASA a toutefois évoqué une prolongation possible au-delà de 2028.
(ATS)