Pour Kiev, l'Occident est sur la voie d'une «victoire commune» sur la Russie après la reprise de Kherson, où l'hymne national ukrainien a retenti vendredi après le retrait des troupes russes.
Kherson, annexée fin septembre par Moscou, avait été la première grande ville à tomber après l'invasion russe déclenchée fin février. Sur des images diffusées par les forces armées de Kiev, on y voit au loin, dans l'obscurité, des Ukrainiens dansant en ronde, autour d'un feu, au rythme de «Chervona Kalyna», un chant patriotique.
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«Nous sommes sur la bonne voie»
Après huit mois d'occupation par les forces russes, les programmes de la télévision nationale sont à nouveau visibles à Kherson. Et le fournisseur d'énergie a annoncé qu'il travaillait à rétablir l'approvisionnement en électricité.
«Très peu de gens croyaient que l'Ukraine survivrait», a déclaré le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kuleba lors d'une rencontre avec le secrétaire d'État américain Antony Blinken en marge d'un sommet de l'Asie du Sud-Est à Phnom Penh.
«Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons l'emporter et chasser la Russie d'Ukraine. Nous sommes sur la bonne voie», a déclaré Dmytro Kuleba, «et notre victoire sera notre victoire commune».
Une vidéo postée sur Telegram par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, présentée comme venant de Kherson, montrait des militaires ukrainiens se disant de la «28e brigade» acclamés dans la nuit par une foule scandant «V-C-U», l'acronyme des forces armées ukrainiennes.
Opération de déminage
Quelque 200 policiers ont été déployés à Kherson pour ériger des barrages et documenter «les crimes des occupants russes», a annoncé le chef de la police nationale, Igor Klymenko, dans un communiqué.
Il a également alerté les habitants de la ville sur la présence de mines laissées par les forces russes, les appelant à «se déplacer avec précaution». Selon Igor Klymenko, un policier a été blessé lors d'une opération de déminage dans un bâtiment à Kherson.
Une femme et deux enfants ont été blessés par une explosion près de leur voiture dans le village de Mylove, dans la région de Kherson, selon la police, qui a également fait état de bombardements russes sur le district de Berislav. «Il y a des morts et des blessés», affirme la police, sans plus de détails.
«Un échec stratégique»
Le retrait russe de Kherson marque «un nouvel échec stratégique» de la part de Moscou, s'est réjoui le ministre de la Défense britannique Ben Wallace dans un communiqué publié samedi.
Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden a qualifié de «victoire extraordinaire», «tout à fait remarquable», la reprise de la ville par l'armée de Kiev. «Aujourd'hui est un jour historique», s'était félicité M. Zelensky vendredi soir.
«Enfin ma ville libre»
Ce repli russe est le troisième d'ampleur depuis le début de l'invasion le 24 février, la Russie ayant dû renoncer au printemps à prendre Kiev face à la résistance acharnée des Ukrainiens, avant d'être chassée de la quasi-totalité de la région de Kharkiv (nord-est) en septembre.
Vendredi soir, sur l'emblématique place Maïdan de Kiev, des habitants de Kherson réfugiés depuis des mois dans la capitale, ont fêté la nouvelle dans la liesse.
«Enfin ma ville libre, celle où je suis née, où j'ai vécu toute ma vie», dit les larmes aux yeux Nastia Stepenska, les couleurs nationales peintes sur les joues. «Quand ils (ndlr: les Russes) sont arrivés, c'était l'horreur, on ne savait pas ce qu'il se passerait le jour d'après, si on resterait en vie», témoigne la lycéenne de 17 ans, qui se dit «en état de choc».
30'000 soldats russes évacués
Plus tôt vendredi, le ministère russe de la Défense avait annoncé avoir achevé «le redéploiement» de ses unités de la rive droite (occidentale) du Dniepr, sur laquelle se trouve Kherson, vers la rive gauche, assurant n'avoir subi aucune perte, ni abandonné de matériel militaire.
Selon Moscou, «plus de 30'000» soldats russes et «près de 5000 unités d'armements et de véhicules militaires ont été retirés» de la rive occidentale du Dniepr. Ce repli a toutefois tout du camouflet, le président russe Vladimir Poutine ayant revendiqué fin septembre l'annexion de quatre régions ukrainiennes, dont celle de Kherson.
«Revendications farfelues»
Interrogé samedi sur les informations selon lesquelles Washington aurait commencé à faire pression sur Volodymyr Zelensky pour qu'il envisage des négociations avec Moscou, Jake Sullivan a remarqué que la Russie continuait à avoir des «revendications farfelues» sur le territoire de son voisin.
«L'Ukraine est le parti de la paix dans ce conflit et la Russie est le parti de la guerre. Notre position reste la même que par le passé et fondamentalement, elle est en étroite consultation et en soutien du président Zelensky», a dit Jake Sullivan, jugeant que «si l'Ukraine choisissait d'arrêter de se battre [...] ce serait la fin de l'Ukraine».
Volodymyr Zelensky a répété cette semaine que la première condition pour une négociation était le retrait complet des troupes russes, entrées le 24 février en Ukraine.
Ce n'est pas encore fini
Poutine et son homologue iranien ont échangé par téléphone. Les deux dirigeants ont mis «l'accent sur une intensification de la coopération dans les domaines politique, économique et commercial», a indiqué le Kremlin.
De son côté, l'ancien président russe Dmitri Medvedev a agité la menace de l'arme nucléaire.
«Pour des raisons qui sont évidentes pour tous les gens raisonnables, la Russie n'a pas encore fait usage de tout son arsenal de moyens de destruction possibles», a-t-il écrit sur Telegram, en précisant: «Il y a un temps pour tout.»
(AFP)