Anastasiia Yalanskaya ne voulait pas quitter Kiev. Elle est restée, alors que ses amis et sa famille ont fui, car elle voulait se rendre utile. Elle et deux autres bénévoles ont payé de leur vie leur altruisme.
«Je leur ai encore demandé d’être particulièrement prudents. Je leur ai dit que, de nos jours, une erreur pouvait coûter extrêmement cher, rapporte, bouleversé, son mari Yevhen Yalanskyi au site d’information canadien «Global News». Mais elle a toujours voulu aider tout le monde autour d’elle. Je lui ai demandé de penser à l’évacuation, mais elle ne m’a pas écouté.»
Comme le rapporte «Global News», Anastasiia Yalanskaya, accompagnée par deux amis, avait livré vendredi de la nourriture à un refuge pour chiens à Bucha, à 30 kilomètres de Kiev. Sur le chemin du retour, le trio aurait été abattu.
Sa dernière story Instagram la montre rayonnante, avec la nourriture pour chiens sur le siège arrière de la voiture. Son mari raconte avoir trouvé la voiture criblée de balles à proximité de leur maison.
Attaque délibérée?
Les circonstances exactes du tragique incident ne sont pas encore élucidées. Selon leurs amis et leur famille, la voiture des trois bénévoles aurait été délibérément attaquée à bout portant par les troupes russes. À l’instar de nombreux Ukrainiens, ils accusent les soldats russes de crimes de guerre. Selon certains rapports, les civils seraient de plus en plus pris pour cible afin de saper le moral de la population et les contraindre à se rendre.
Lundi, les Nations unies ont enregistré au moins 752 victimes civiles sur l’ensemble du territoire ukrainien: 227 morts et 525 blessés, dont de nombreux enfants. Les autorités ukrainiennes parlent de plus de 2000 victimes civiles.
«Nous serons bientôt tous ensemble»
Anastasiia Yalanskaya, qui travaillait à l’origine comme chasseuse de têtes, partageait des comptes-rendu quotidiens de son engagement dans la région de Kiev sur Telegram. Bénévolement, elle effectuait des livraisons pour un jardin d’enfants à Brovary, un peu à l’extérieur de Kiev, où 40 enfants seraient privés de nourriture et de couches. Elle a également œuvré pour un hôpital militaire et apporté de la nourriture à un refuge pour animaux.
Samedi dernier, elle rapportait qu’elle avait dormi dans un parking par crainte d’attentats à la bombe: «Maintenant, je réalise encore mieux à quel point il est important de pouvoir voir ses proches à tout moment […] Nous serons bientôt tous ensemble, en sécurité et en paix». Elle y croyait fermement.